lundi 7 avril 2014

Gala de l’indépendance: Un nouvel instrument de cohésion sociale

L’ensemble lyrique traditionnel du Sénégal a tenu toutes ses promesses. La première édition du Gala de l’indépendance a vécu, jeudi, à la salle de spectacles du Théâtre national Daniel Sorano. La troupe traditionnelle a étalé tout son savoir-faire. Le public venu nombreux, a eu droit à un spectacle plein de couleurs. Le répertoire riche et varié contenu dans le premier album de l’Ensemble lyrique traditionnel reflète parfaitement la diversité culturelle du Sénégal.

21 heures à la devanture du Théâtre national Daniel Sorano. Quelques inconditionnels de l’Ensemble lyrique traditionnel arrivent par petits groupes. Sur une banderole, il est écrit : « Soirée : Gala de l’indépendance ». Le drapeau national attaché sur l’un des poteaux du bâtiment montre que Sorano est déjà de plein pied dans la célébration de la fête de l’indépendance nationale. Dans le hall, le Directeur du théâtre et Madame Madeleine, la responsable de la salle de spectacles échangent. A quelques 5 mètres, deux hôtesses sont préposées à l’accueil. Elles sont habillées en grand –boubou bleu-clair. Sur leurs têtes, des tresses ornées de boucles jaunes. Chacune d’elles a sur l’épaule une écharpe en indigo qui traverse sa poitrine en diagonale avant d’être nouée au rein droit. Dans la salle de spectacles, les quelques lumières allumées ne permettent pas d’identifier les personnes confortablement assises dans leurs sièges. Sous les rideaux qui ne sont pas encore levés, on aperçoit des pieds qui vont et viennent. Les membres de l’Ensemble lyrique s’affairent aux derniers réglages. 

En attendant la levée des rideaux, les poignets de main, les accolades et les petites discussions vont bon train. Une lumière s’échappe du balcon avant de tomber sur le maître de cérémonie. « Salabigué », un communicateur traditionnel au micro. Il demande à la salle des applaudissements. Aussitôt après, il introduit le Directeur du théâtre. Dans son mot de bienvenue, le Dr. Massamba Guèye soutient que Sorano est un lieu chargé d’histoire. Il rappelle le passage de grands noms dans ce temple culturel. «C’est ici que  Michael Jackson est monté sur scène pour la première fois avec ses frères de Jackson Five », a révélé le Directeur du Théâtre très en verve.

 Juste après son discours, une flûte retentit. Un homme âgé s’introduit par «  effraction » dans la salle. Des jeunes filles habillées tout en blanc sortent des allées. Et elles avancent lentement comme si elles étaient dans un lieu inconnu avant de presser le pas pour monter les escaliers du podium. Au même moment, un homme aux allures de guerrier, d’un pas lent mais assuré, monte lui aussi escaliers. Il tient le public en haleine avec un poème qui loue la cohésion sociale et l’unité nationale au Sénégal. Aussitôt après, les rideaux rouge bordeaux se lèvent. La troupe entonne la chanson générique de leur nouvel album. « SUNUGAL GUI » (notre pirogue) est un hymne à la paix au Sénégal. Dans ce morceau, l’Ensemble lyrique traditionnel appelle tous les sénégalais au renforcement de la paix sociale. La troupe chute sous une salve d’applaudissements d’un public très tôt acquis à leur cause.

Athia Wélé enchaîne avec « Cheikhou ka ngando » (Cheikou tu es un érudit). Une chanson dédiée à El hadj Omar Tall, propagateur de la «  tijania» en Afrique de l’ouest. Sous les projecteurs aux couleurs arc-en- ciel, les billets de banque pleuvent  sur la doyenne de la troupe. Ousmane Sow Huchard, a suivi le spectacle «  avec les yeux et les oreilles d’un musicologue ». Il décortique : « Si je parle seulement de l’instrumentation, je suis sûr que beaucoup de gens ne savent pas que derrière cette troupe, il y a un balafon balante, un « Ngoni », un « xalam », trois coras dont deux de Keur Moussa et une traditionnelle. Il y a aussi le balafon malinké, le «  saraba » qui est une flûte poular. Sérères,  bambaras, malinkés, poulars, wolofs, pour ne citer que ceux là, chantent tous à l’unisson. C’est cela qui est remarquable. C’est tout simplement le symbole le plus élaboré de l’unité nationale ». Le Directeur du Théâtre national Daniel Sorano embouche la même trompette en qualifiant l’Ensemble lyrique d « ’équipe nationale de chanson du Sénégal ». Emu, il ajoute : «  je suis fier de mon pays » avant de révéler que « désormais ce Gala est inscrit en lettres d’or dans l’agenda culturel du Sénégal. Il aura lieu chaqu’année à la veille de la fête de l’indépendance ».


La troupe traditionnelle continue d’exprimer tout son talent et toute sa classe à travers les 15 titres de l’album. Elle communie avec un public en euphorie qui danse au rythme de « YALK FAAXE », une chanson de Mbaye Ndiaye qui parle du cousinage à plaisanterie entre Sérères et peulhs. « YAR LEEN GUNEYI », morceau chanté par Alassane Mbaye, a aussi trouvé l’adhésion du public. Cette chanson est une invite à l’éducation, au civisme et à la citoyenneté. Khar Mbaye Madiaga, ancienne Directrice de Sorano, exprime toute sa satisfaction. « C’est avec un immense plaisir que regarde jouer cette troupe  que j’ai côtoyée pendant 22 ans. Je trouve que la diversité culturelle est encore respectée comme il l’a toujours été ». Maty Thiam Dogo, membre de l’Ensemble lyrique traditionnel, d’appuyer les propos de l’auteure de « karo kar ». Selon elle, sans l’entente et le respect de la différence, la troupe n’aurait pas réussi cette belle prestation. Une prestation qui s’est terminée sur une belle formule de l’homme aux airs de guerrier  sur l’unité et l’indivisibilité du Sénégal: « il était une fois, il est encore et sera toujours un pays : SUNUGAAL ».

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