mardi 24 décembre 2013

Qui pourrait arriver à ternir l'image du Professeur Souleymane Bachir Diagne?

 Il est des personnes dont les parcours ne peuvent  jamais être effacés, dont les images ne peuvent jamais être ternies, dont les mérites ne peuvent jamais être remis en cause. Dans ce cercle très restreint, figure Souleymane Bachir Diagne, Professeur émérite des Universités. Le professeur Diagne est une sommité intellectuelle affirmée, confirmée et reconnue par ses pairs du Sénégal, de l’Afrique et du monde. Il est tout simplement l’un des plus brillants esprits des temps modernes. C’est ainsi qu’intellectuel de dimension internationale, il prend place dans le panthéon restreint et très disputé des 25 plus grands penseurs de notre époque (classement du journal français Nouvel observateur). 

Le Professeur Souleymane Bachir Diagne est, en outre, un éternel et infatigable serviteur de notre pays. Enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop, il a passé plus 20 ans de sa vie à transmettre ses connaissances à  beaucoup de générations de sénégalais. Hors de nos frontières, il est un digne ambassadeur de notre pays. L’éminent philosophe fait partie de cette « race  d’hommes » qui, même en dormant  continuent de travailler pour leur peuple, qui, même en s’établissant au pays des esquimaux peuvent servir leur pays. Souleymane Bachir Diagne n’appartient plus seulement au Sénégal, mais au monde entier. Il est une fierté sénégalaise et africaine. Ainsi, La mobilité intellectuelle est-elle une donne intrinsèque à la mondialisation. Dés lors, qui pourrait reprocher à un érudit de la trempe du Professeur Diagne d’aller partager ses connaissances ailleurs avec d’autres citoyens du monde. Qui pourrait l’en vouloir du seul fait de servir l’humanité. Même établi aux Etats-Unis, il n’est jamais déconnecté du Sénégal, donc de nos réalités, contrairement à ce que veulent nous faire croire certains de nos camarades. En intellectuel généreux et soucieux du devenir de notre nation, il est très présent au Sénégal pour participer à des activités scientifiques et intellectuelles. C’est dans cette logique qu’il a accepté de présider la commission nationale de réflexion sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Réflexion qu’il a conduite de main de maître avec d’autres dignes fils de ce pays.

Donc, Souleymane Bachir Diagne et l’équipe qu’il dirigeait étaient chargés de faire un diagnostic complet de l’enseignement supérieur et de faire des propositions que seul le gouvernement a la prérogative de transformer en décisions exécutoires. Le groupuscule d’étudiants qui l’a déclaré persona non grata se trompe ainsi de cible et de combat.

Aller en guerre contre Souleymane Bachir Diagne, un intellectuel hors pairs, un citoyen modèle, c’est aller en guerre contre toute la communauté scientifique et universitaire, c’est heurter la conscience et l’intelligence de toutes les sommités intellectuelles de notre pays, bref, c’est porter un coup fatal à la production du savoir. Les sénégalais avertis n’accepteront jamais que des scientifiques de la dimension du Professeur Diagne soient déclarés persona non grata dans l’un quelconque des temples du savoir de notre pays. L’accepter, équivaudrait à signer l « ’arrêt de mort » de notre enseignement supérieur, déjà dans un état comateux très profond.

Dans une lettre  que nous avions adressée à nos camarades au début du mois de décembre, nous avions soutenu que certains d’entre nous «  tordaient », de manière récurrente, le « cou » à la loi sur les libertés et franchises universitaires sans en avoir conscience. L’incident malheureux survenu le 18 décembre à la salle de conférence de l’UCAD II en est une preuve patente. Un groupe d’étudiants, trompant la vigilance des forces de l’ordre qui avaient investi les lieux dés les premières heures de la matinée, s’est introduit dans l’amphi et a interrompu la conférence inaugurale annuelle de la fondation Léopold Sédar Senghor, faisant ainsi entorse à l’animation et à la production scientifiques et intellectuelles au sein de l’Université.

Nous restons convaincus que ceux qui tentent de ternir l’image de ce logicien éclairé, méconnaissent l’homme, son parcours et ce qu’il a fait pour le Sénégal. Ceux qui mènent ce combat perdu d’avance, doivent se raviser avant de tomber sous le coup d’une sentence du jury populaire.

Chers camarades, Souleymane Bachir Diagne est une source intarissable de connaissances à laquelle nous devons allons nous« abreuver » au lieu de tenter de l’infecter. Il est un exemple à suivre pour tous les jeunes sénégalais et africains et non un homme à diaboliser. Car son génie réflexif, ses prouesses analytiques, sa sincérité dans la réflexion et la pensée, lui valent sa place dans la cour très fermée des immortels. Souleymane Bachir Diagne est entré dans l’histoire de ce monde et il y restera à jamais.

lundi 23 décembre 2013

UCAD: Souleymane Bachir Diagne délaré persona non à grata

 Les étudiants dans la salle de l'UCAD II
La conférence inaugurale annuelle de la fondation Léopold Sédar Senghor qui s’est tenue à l’UCAD II, jeudi dernier, a été interrompue par les membres du collectif pour la défense des intérêts des étudiants, après leur assemblée général tenue devant la Direction du COUD. Ils ont dénoncé la présence dans « leur espace », du Professeur  Souleymane Bachir Diagne qui présidait la commission nationale de réflexion sur l’avenir de l’enseignent supérieur. Selon eux, il est à l’origine de la crise qui secoue l’université. C’est pourquoi, soutiennent-ils, ils l’ont déclaré persona non grata. Certaines personnalités que nous avons interrogées disent regretter cet incident survenu dans ce «  haut lieu du savoir ».

Voici le film de l’évènement :

Extrait du discours d’Alpha Sow, membre du collectif, devant la Direction du COUD :

« Lors de notre dernière assemblée générale, nous avions convenu d’empêcher Souleymane Bachir Diagne d’accéder à l’Université parce que nous l’avons déclaré persona non grata. Nous reprochons à Souleymane Bachir Diagne de ne pas être un sénégalais. Il ne connait pas les réalités du Sénégal en ce sens qu’il veut transférer ici ce qui se fait aux Etats-Unis où une femme de ménage est mieux payée qu’un professeur titulaire à l’université Cheikh Anta Diop. Les situations ne sont pas les mêmes. Donc, ce n’est pas à lui de réfléchir pour nous.
Les autorités veulent harmoniser les inscriptions, alors qu’elles n’harmonisent pas le coût de la nourriture, elles n’harmonisent pas les salaires des ministres qui sont mieux payés que leurs homologues africains. Qu’elles prennent leur responsabilité, car nous avons nos propres réalités.
 Nous ne refusons pas de payer les montants retenus, mais le problème est que nous ne le pouvons pas. Nous sommes tous des fils de paysans et d’éleveurs. Nos bourses sont une question de vie ou de mort, nous en privés serait équivalent de nous exclure des facultés ; chose que nous ne pouvons admettre. Nous avons droit à l’éducation et l’Etat a la prérogative et le devoir de prendre en charge les frais y afférents. Si l’Etat l’oublie ; nous allons le lui rappeler
Maintenant, je propose que les gens marchent dans la discipline, dans le respect, dans la cohésion et que nous revenions ici pour faire le bilan».

Les policiers pris au dépourvu
                                                                                            
Arrivés aux abords de l’UCAD II, les étudiants grévistes se sont scindés en petits groupes pour tromper la vigilance des forces de l’ordre qui ont investi les lieux dés les premières heures de la matinée. Ils sont ainsi parvenus à s’introduire dans la salle de conférence et ont pris d’assaut le présidium, obligeant Saliou Ndiaye, Recteur de l’UCAD, à interrompre son discours de bienvenue. Alors que Souleymane Bachir Diagne avait quitté les lieux, les déclarations d’étudiants fusèrent de partout dans un désordre indescriptible. Après avoir «  intimé l’ordre » au public d’évacuer la salle, ils entonnent leur « hymne » favori.

 Réactions de certaines personnalités

Madieyna Diouf :
«  C’est un incident malheureux, il ne faut surtout pas mettre de l’huile sur le feu ».

Cheikh Hamidou Kane :
« C’est regrettable que dans ce haut lieu du savoir qu’est l’Université Cheikh Anta Diop, que des soi-disant étudiants empêchent la tenue d’une conférence animée par les meilleurs esprits du continent sans donner des arguments compréhensibles pour justifier ce comportement. C’est des choses décourageant et qui m’attristent pour l’avenir de notre pays ».

Djibo Ka :

«  Il faut impérativement que l’Etat, les autorités universitaires et les étudiants se parlent, sinon c’est l’impasse. C’est déplorable. Je connais les étudiants, ils sont gentils, mais ils ne tolèrent pas l’injustice et l’inéquité. Il faut qu’on les écoute comme parents d’élèves, comme pères et comme alliés, bref comme partenaires parce qu’ils sont tous des adultes. Il faut leur faire confiance. Ils sont conscients de ce que leur pays a fait pour eux, ils ne vont pas tout détruire quand même. Ils ont raison de protester de façon calme. On ne se bat pas en criant, en cassant tout. Mais on se bat avec un argumentaire convaincant, avec un document de fond convaincant. L a violence n’a pas de place dans une enceinte comme l’université. Cet espace doit être un lieu de paix, de recherche et d’excellence ».

vendredi 20 décembre 2013

AUDIO: interview avec Aissatou Gaye, élève.

En prélude à la conférence inaugurale annuelle de la Fondation Léopold Sédar Senghor qui devait se tenir Jeudi 19 Décembre 2013 à l'UCAD II, Aissatou Gaye, élève en classe de terminale L au collège des Maristes livre, ici, ses attentes de cette rencontre . Elle porte un regard critique sur les programmes scolaires et appelle les autorités en charge de l'éducation à les rénover.


jeudi 19 décembre 2013

Développement des ressources naturelles, une réponse au chômage des jeunes



« L’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est paradoxalement, le continent le plus pauvre de par sa contribution dans l’économie mondiale ». Ces propos ont été tenus par Abdoulaye Dia, Directeur de la formation doctorale Géo-ressources, imagerie et Environnement de l’Université Cheikh Anta Diop, lors de la journée de réflexion organisée par le groupe des amis de la francophonie, Mercredi dernier, dans la salle de conférence de l’UCAD II. II a prononcé la communication introductive sur le thème général « Quelle Afrique pour ses jeunes ? Comment développer les ressources naturelles du continent ? Partage d’expériences francophones.

Face à un auditoire composé essentiellement d’élèves et d’étudiants, le Professeur Abdoulaye Dia, a déclaré que l’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est paradoxalement le continent le plus pauvre de par sa contribution dans l’économie mondiale. Il ajoute que si la tendance du chômage des jeunes n’est pas inversée, elle pourrait aboutir à une destruction du tissu économique et de la cohésion sociale des pays africains en voie de transition démocratique. C’est pourquoi, il a appelé à la correction de ce paradoxe en développant des partenariats gagnant-gagnant dans l’exploitation de nos ressources pour la création d’avoirs durables et la réduction considérable du chômage des jeunes. Pour y parvenir, selon toujours le professeur Dia, la première logique, c’est de mettre en cohérence les politiques de développement économique, social et de gestion des ressources naturelles. Ainsi, il s’interroge sur les capacités économiques et la volonté politique de notre continent à relever les défis en 2025. Pour le Directeur de l’Agence de la Grande Muraille verte, le renforcement de la formation professionnelle et technique des jeunes et des capacités de recherche-développement des chercheurs ainsi que l’investissement dans les sciences et technologies sont plus qu’une nécessité. La gestion et l’exploitation efficientes des ressources naturelles pourraient constituer une activité à forte intensité de mains d’œuvre et d’emplois spécialisés, a-t-il rassuré. Ce qui, selon lui, permettra l’émergence et l’autonomisation d’une jeunesse citoyenne et responsable, capable de prendre en charge le destin de notre continent.

 Il a évoqué, outre les besoins en investissements dans le secteur des ressources naturelles, que l’Afrique reste confrontée au défi de la sécurité alimentaire. Ainsi, malgré le fait que l’Afrique soit la première pourvoyeuse de matières premières stratégiques, 250 millions d’africains ont faim chaque nuit. Notre continent dépense 22 milliards de Dollars américains pour importer de la nourriture, précise Abdoulaye Dia. Dans la même veine, il a souligne qu’une étude menée en 2010 montre que les revenus des entreprises d’exploitation minière ont augmenté de 32% et leurs résultats nets de 156%, alors que les taxes versées aux Etats africains concernés ne se sont accrues que de 6%. D’où, selon lui, la nécessité de réviser les conventions minières. Car, déclare-t-il, cette révision permettra de revoir la stabilisation des acquis de manière à faire bénéficier à l’Afrique des super profits générer par l’augmentation des coûts des matières premières.

Il a, en outre, défendu que la transparence doit certes être appliquée par les Etats dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles, mais on doit aussi s’interroger sur celle des finances des entreprises exploitantes. Ce qui permettra, selon lui, de transformer les ressources en richesses et assurer un partage équitable des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles entre partenaires (Etats, populations et entreprises exploitantes) dans la transparence. C’est une voie que l’Afrique doit explorer pour assurer l’équilibre des intérêts des différents partenaires.

L’Afrique reste confrontée à d’autres défis tels que le changement climatique, la sécheresse, la désertification, entres autres, poursuit Abdoulaye Dia. Ces fléaux, estime-t-il, nous font perdre notre couvert végétal mais aussi 12 millions d’hectares de terres arables par an. Il précise que notre continent compte 60% de terres semi-arides à arides.

Par ailleurs, il estime que la part annuelle de l’Afrique dans la production mondiale de pétrole est en moyenne de 11%, alors que sa part de consommation ne représente que 3,86%. Ce qui selon lui est sans commune mesure avec les besoins énergétiques du continent africain. En outre, selon le Professeur Dia, la lancinante question de mise à la disposition des entreprises d’agro-industrie de terres cultivables, mérite d’être posée. Nous devons promouvoir les exploitations familiales, mais aussi initier des politiques pour capter des investissements étrangers dans le strict respect des intérêts des populations.

Faire de l’Afrique un continent stable et économiquement viable doit être notre seule préoccupation, déclare-il. Pour y arriver, il estime que la jeunesse  constitue un atout puissant de développement en Afrique où d’après les dernières statistiques, 60% des jeunes ont moins de 25ans. « Nous devons quitter l’arbre à palabre pour nous atteler à l’opérationnalisation de nos initiatives et générer ainsi des niches d’emplois et de faire de la jeunesse africaine une jeunesse citoyenne et responsable », conclut-il. 
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lundi 16 décembre 2013

REFLEXION SUR JEUNESSE ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Le groupe des amis de la francophonie a organisé une journée de réflexion,  Mercredi dernier, dans la grande salle de conférence de l’UCAD II sur le thème suivant : « Quelle Afrique pour ses jeunes ? Comment développer les ressources naturelles du continent ? Partage d’expériences francophones. » Cette journée s’est tenue avec une forte participation d’élèves et d’étudiants.

Après le mot de bienvenue du Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Saliou Ndiaye, le Ministre chargé de la promotion de la  bonne gouvernance et des relations avec les institutions, Abdoulatif Coulibaly, a officiellement ouvert les travaux. Dans son discours, Abdoulatif Coulibaly, a salué l’initiative du GAF qui œuvre pour la propagation des idéaux de la francophonie. Ces idéaux reposent sur la démocratie, la construction d’un Etat de droit, la promotion sociale et économique de ses membres. Selon le Ministre, la nouvelle approche de l’économie verte est appréhendée comme une voie prometteuse à explorer pour parvenir à un  développement et à une gestion rationnelle des ressources naturelles. Cette économie verte, a-t-il poursuivi, peut offrir les possibilités d’un développement durable et de lutte contre la pauvreté. Pour Abdoulatif Coulibaly il existe un dispositif normatif extrêmement concurrentiel entre les pays africains pour attirer les investissements sans prendre nécessairement en compte les intérêts des populations. Ainsi il appelle tous les acteurs concernés à s’interroger sur la gouvernance générale de ce secteur. Le Ministre conclut en précisant que le Sénégal s’est inscrit dans cette perspective en se dotant d’un dispositif normatif et institutionnel allant dans le sens d’une exploitation optimale des ressources naturelles.
Le Directeur du Groupe des amis de la francophonie, Nicolas Fataki Lungele, en ce qui le concerne, a attiré l’attention des participants sur une possible rancœur des jeunes qui ne tirent pas profit des ressources de leur continent. Pour parer à une telle éventualité, selon l’ambassadeur de la République démocratique du Congo au Sénégal, il faut développer des écoles professionnelles et techniques pour bien former nos jeunes en matière de gestion des ressources naturelles. Selon lui, il nous faut des investissements massifs dans la transformation de nos ressources naturelles avant de les exporter.
Dans sa communication introductive, le Professeur Abdoulaye Dia, Directeur de la Formation doctorale Géo- ressources, imagerie et Environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a soutenu que si la tendance du chômage des jeunes n’est pas inversée, elle pourrait aboutir à une destruction du tissu économique et de la cohésion sociale surtout, dans les pays africains en voie de transition démocratique. L’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est paradoxalement le continent le plus pauvre de par sa contribution dans l’économie mondiale, a t-il renchéri. C’est pourquoi, il a préconisé la correction de ce paradoxe par le développement des partenariats gagnant-gagnant dans l’exploitation de nos ressources pour la création d’avoirs durables et la réduction considérable du chômage des jeunes.
A sa suite, trois panels ont été animés par des universitaires et des experts venus du nord et du sud. Des panels qui ont  fait l’objet de débats par moments passionnés entre participants.

Pour rappel, le Groupe des Amis de la Francophonie a été créé en juin 2008. Il réunit, outre l’Etat du Sénégal, les ambassades des pays membres de la francophonie accréditées à Dakar et les institutions de cette même organisation ayant leur siège au Sénégal. L’un des objectifs du GAF est de favoriser la participation du grand public et des jeunes, en particulier, aux célébrations de la francophonie. Ce pari a été réussi avec une forte participation d’élèves  et d’étudiants dont la pertinence des interventions a été salué par tous.

jeudi 5 décembre 2013

LETTRE A MES CAMARADES ETUDIANTS


« LUX MEA LEX », ces lettres que nous lisons tous les jours à l’entrée de l’université, sur les frontons de nos départements, facultés et unités de formation et de recherche, au dos de nos cartes d’étudiant, ne sont pas de vains mots. Elles traduisent notre devise, celle de toute la communauté universitaire. Elle signifie littéralement « la lumière est ma loi ». Cette lumière doit nous guider dans tous nos comportements et actions de tous les jours. Elle doit illuminer notre chemin. Aussi, ne doit-elle pas seulement être circonscrite dans le périmètre universitaire, elle doit étendre ses tentacules sur toute la société. Nous devons ainsi être des éclaireurs de notre nation. Quelle que soit la situation, nous ne devrons point être guidés ni par la violence ni par la passion, mais nous devrons toujours être inspirés par la vérité et la sérénité scientifiques. Pourquoi faisons-nous de la violence notre seule armée pour exprimer notre désaccord sur certaines questions ?  Sur celle relative à l’augmentation des frais d’inscription, au lieu d’opposer un niet catégorique et de passer aux casses, nous devons analyser avec responsabilité  et retenue l’opportunité et le bien fondé de cette mesure. En nous posant une question simple : quel serait l’impact de cette mesure sur la qualité de l’enseignement supérieur ? A notre humble avis, c’est cette qualité que nous devons mettre en avant, que nous devons rechercher en permanence en connivence avec tous les acteurs de l’enseignement supérieur. Car de cette qualité, dépendra notre compétitivité dans un marché de travail mondialisé de plus en plus compétitif et qui exige  l’excellence et la performance à quiconque veut s’y épanouir.
Nous avions été surpris d’entendre un camarade étudiant déclarer sur un plateau de télévision que la qualité de l’enseignement supérieur n’incombe qu’à l’Etat et qu’on ne devrait demander aux étudiants que de faire de bons résultats. Ce que notre camarade a oublié c’est que sans le concours des étudiants,  l’Etat n’y arrivera jamais seul. Et qu’on ne devrait plus  accepter que d’autres réfléchissent pour notre compte sans nous y associer. A ce niveau, il faut saluer la démarche inclusive et participative du gouvernement qui nous a associé dans le processus de réforme de l’enseignement supérieur. Nous avons été représentés par nos camarades dans la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur ainsi qu’au niveau du conseil présidentiel tenu à cet effet. Il en est ainsi sorti plusieurs mesures transformées en décisions exécutoires par les pouvoirs publics parmi lesquelles, l’écrasante majorité de nos camarades, n’en a retenu que deux : l’augmentation des frais d’inscription et la révision des critères d’obtention de bourse.

Par ailleurs, c’est un truisme que de dire que notre université s’ « étouffe » : mauvais résultats, capacité d’accueil limitée, manque d’enseignants, problème de logements, qualité des repas, manque de restaurants etc… Ces problèmes nous les vivons au quotidien et nous nous en offusquons à tout bout de champ. Devons-nous continuer à les subir ou devons-nous, avec les autres acteurs, nous atteler résolument à les transformer ? A notre avis, nous devons, aux niveaux personnel et collectif,  jouer notre partition dans l’œuvre de construction d’un système éducatif et universitaire porté vers l’excellence qui est   une exigence républicaine. Nous devons cultiver une citoyenneté active et solidaire, rompre d’avec celle passive qui consiste à subir, impuissants, les politiques et décisions imaginées dans les bureaux de nos gouvernants. Nous devons changer  notre attitude qui consiste à attendre tout de l’Etat. Nous devons certes être exigeants par rapport à eux, mais nous devons au préalable nous imposer une rigueur et une discipline dictées par l’amour de la patrie et l’esprit républicain. Car notre pays est à la croisée des chemins ; il est aujourd’hui confronté, entres autres, au chômage, à la cherté de la vie, aux inondations, à l’insécurité alimentaire. Nous sommes justement interpellés par ces problèmes qui assaillent au quotidien nos parents, nos frères et sœurs. En dépit de tous les obstacles auxquels nous sommes confrontés, nous devons faire nôtre le culte de l’effort, de persévérance, de performance et de l’excellence, car l’Etat a beaucoup investi sur nous depuis que nous sommes tout petits. Cela nous devons toujours l’avoir en tête toutes les fois que nous serions tentés de paralyser la mobilité de nos concitoyens, de brûler ou de mettre à sac les biens publics que les générations passées ont édifiés au prix d énormes sacrifices. Nous ne devons faire moins celles-ci, car nous avons une obligation morale de rendre compte aux générations futures de ce que nous avons fait du legs des anciens.

 Pour ce faire, il est temps pour nous de rappeler à certains de nos camarades que le diplôme de baccalauréat n’est pas un «  permis à tout faire ». Ils pensent que la loi sur les libertés et franchises universitaires fait de l’espace universitaire une «  zone de non-droit ». Qu’ils se détrompent !  En effet, le principe de l’inviolabilité de l’espace universitaire n’est pas un « paravent » qui leur protégerait des «  foudres » de la loi. Au non du principe de territorialité de la loi, il ne saurait y avoir un endroit dans le pays où le droit ne s’appliquerait pas, une portion du territoire où le désordre et la violence seraient bénis. En définitive, la loi n°94-79 du 24 novembre 1994 sur les libertés et franchises universitaires ne saurait parrainer un havre pour ces étudiants qui, même quand  la tête leur fait mal, organisent des casses, barrent l’avenue Cheikh Anta Diop, brûlent des pneus, séquestrent les autorités de l’université, intimident les enseignants, agressent leurs camarades au moment des élections des amicales et des codifications, paralysent le système en arrêtant les cours. Ce sont les auteurs même de ces actes qui avancent l’idée selon laquelle, les forces de l’ordre n’ont pas le droit de mettre le pied dans l’espace universitaire. Ils ne savent même pas que ce sont eux qui violent en permanence l’esprit de cette loi qui   protège la liberté dans la production intellectuelle et scientifique contre toutes formes d’entraves. Et tout cela, c’est un groupuscule d’étudiants qui le fait au nom de tous les étudiants.

Tenez-vous bien chers camarades, il serait établi que 70% des étudiants sortent des universités sans diplômes alors que l’Etat investi des milliards sur eux. Quid de ceux qui sortent avec des diplômes? La majeure partie « fait carrière dans le chômage », car nos diplômes sont souvent en déphasage avec les besoins du marché du travail. C’est donc de l’argent public « jeté par la fenêtre », mais aussi de jeunes sénégalais qui perdent des années de salaires. Devons-nous accepter que cela continue ? Nous ne le pensons pas. Nous devons nous arrêter un instant et réfléchir sur notre contribution pour relever les défis auxquels l’université sénégalaise est confrontée. Certes les nouveaux montants des frais d’inscription sont un peu élevés, ils sont quand bien même raisonnables eu égard à  l’ampleur des besoins de financement de nos universités. C’est ainsi que nous devons accepter de consentir un sacrifice pour nous- mêmes, pour nos jeunes frères qui arriveront et pour le devenir de notre nation. Nous devons, main dans la main, nous unir pour aider l’Etat à relever les défis, car avant tout l’Etat c’est nous. Ainsi,  nous devons acceptons, en dépit de la conjoncture  qui prévaut dans notre pays, de faire un effort pour participer au financement de notre enseignement supérieur. Acceptons de payer les nouveaux montants pour participer à l’équipement de nos salles de travaux pratiques et travaux dirigés, à la construction de nouveaux amphis, à la modernisation des offres de formation et au recrutement d’un personnel enseignant suffisant.  Après ce sacrifice ; exigeons de meilleures conditions d’études et la qualité des formations pour notre insertion future dans le monde du travail.
 « Si l’éducation coûte chère, essayez l’ignorance » disait Abraham Lincoln. Ce dernier nous apprend que quel que soit le coût de l’éducation, l’ignorance coûte plus chère à une nation. Seules une éducation et une formation de qualité nous rendront libres et autonomes. Nous en appelons donc à tous nos camarades étudiants de toutes les universités, de tous les centres universitaires régionaux ; de toutes les écoles et de tous les instituts, d’étudier la question de l’augmentation des frais d’inscription avec un esprit dépouillé de toute passion pour en saisir le bien fondé, mais aussi  en mesurer l’ impact sur nos conditions d’études. C’est de cette manière seulement que nous devons nous comporter pour améliorer notre image déjà entamée. L’esprit doit dominer la matière. Donc chers camarades démontrons à certains de nos concitoyens que notre devise n’est pas « la force est ma loi », mais « la lumière est ma loi ». Chantons en chœur « LUX MEA LEX »



samedi 30 novembre 2013

Quand des prétendants à la gestion des affaires publiques se donnent en spectacle dans une émission de télévision.
 Bien que la liberté de la presse et l’accès de tous à la parole publique fassent" respirer " la démocratie, les organes de presse devraient tout de même être regardants et exigeants par rapport au comportement des personnes auxquelles ils donnent la parole. Car la presse a aussi une fonction d'éducation et de formation pour l'éclosion de citoyens modèles.

lundi 25 novembre 2013

LE DOMAINE NATIONAL, LE PAROXYSME DE L’INCOMPRIS

Notre pays connaît, depuis quelques décennies, une accentuation de la pression foncière exercée par les populations à des fins agricoles, d’habitation ou d’élevage. Avant la colonisation, la coutume (pratiques répétées et acceptées comme étant le droit) organisait l’accès au foncier. C’est ainsi que certains détenaient un droit réel sur certaines terres : les « propriétaires terriens ». Avec la colonisation, l’autorité coloniale a tenté, de 1804 à 1955, de mettre en place plusieurs régimes juridiques. Il s’agit, entre autres, du code civil français et du régime de transmission. Mais, ces tentatives ont été étouffées par la réticence et la résistance des populations qui ont continué à faire valoir leurs droits coutumiers sur les terres. Il y a eu, selon le mot du Professeur Abdoulaye Diéye, « une juxtaposition de régimes applicables ». Le 26 juillet 1932, un décret réglementant les titres fonciers des particuliers est pris. Il ne sera abrogé que le 30 mars 2011 par la loi n°2011-07 portant régime de propriété foncière. En outre, le processus d’adoption d’une loi sur le domaine national déclenché en 1958 n’aboutira qu’en 1964 (Loi n°64-46 du 17 Juin 1964). Il faudra attendre 12 ans après, pour assister à l’adoption de la Loi n°76-66 du 2 Juillet 1976 portant code du domaine de l’Etat. Il n’ y a donc que ces trois domaines qui composent le système foncier du Sénégal. Ainsi, les titres fonciers (il en n’existe que 100.000 au Sénégal selon le Professeur Abdoulaye Diéye, expert foncier), représentent 1%, alors que le domaine de l’Etat et le domaine national recouvrent respectivement 4 et 95% du foncier. 
Ce dernier retiendra notre attention tout au long de nos développements; car il constitue de loin le domaine le plus important du point de vue de sa taille, mais il est aussi celui qui suscite plus d’incompréhensions. Ainsi, il est à l’origine de plusieurs conflits : entre cultivateurs et éleveurs ; entre villages voisins ; entre des familles ; entre autorités étatiques et populations locales ; entre communautés de base et l’Etat autour des zones forestières classées ; entre communautés rurales par rapport à leur consistance foncière etc…
 Vers la fin des années 2000, le phénomène des ATGE (acquisition de terres à grande échelle) est venu « attiser le feu ». En effet, des entreprises multinationales, des hommes politiques, des hommes d’affaires, des chefs religieux, avec la bénédiction de l’ancien régime qui prônait l’entrepreneuriat agricole, se sont accaparés des terres de culture et d’élevage des populations locales défavorisées. Ainsi, nous assistons depuis quelques années à la recrudescence des conflits liés à ces acquisitions de terres à grande échelle dont les cas les plus récents sont ceux de Fanaye, de Sangalkam, de Ngith, de Mbane. C’est ainsi que certaines organisations de la société civile défendant les droits économiques et sociaux des populations locales, développent un plaidoyer fort contre l’accaparement des terres.
 Nous sommes aussi d’avis que les ressources foncières doivent profiter à ces populations. Mais,  ce qui est déconcertant c’est la prétention que certaines populations ont sur les terres du domaine national. Nous entendons tous les jours des populations dénoncer l’accaparement de leurs terres, celles qu’elles ont héritées de leurs ancêtres. Qu’en est-il exactement au sens de la loi sur le domaine national ?
 La réponse de cette loi est  claire. Elle dispose dans son article 3 : « Les terres du domaine national ne peuvent être immatriculées qu'au nom de l'Etat.Toutefois, le droit de requérir l'immatriculation est reconnu aux occupants du domaine national qui, à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, ont réalisé des constructions, installations ou aménagements constituant une mise en valeur à caractère permanent. L'existence de ces conditions est constatée par décision administrative à la demande de l'intéressé. Cette demande devra, sous peine de forclusion, être formulée dans un délai de six mois à compter de la date de publication du décret d'application de la présente loi. Ce décret précisera notamment les conditions requises pour qu'une mise en valeur soit considérée comme suffisante. » Et l’article 14 de cette même loi de compléter : «  les propriétaires d'immeubles ayant fait l'objet d'un acte transcrit à la Conservation des hypothèques devront, sous peine de déchéance, requérir 1'immatriculation desdits immeubles dans un délai de deux ans à compter de la date d'entrée en vigueur de la présente loi. A défaut, ces immeubles peuvent être incorporés dans le domaine national. » Par «  immeubles », il faut entendre, en termes simples, le sol et tout ce qui s’y fixe. Autrement, c’est tout ce qui ne  peut pas être déplacé ; contrairement à un meuble. 
Il ressort  ainsi de la lecture combinée de ses deux articles que seules les personnes ayant suivi cette procédure et satisfait ces conditions, ont un droit de propriété avec tous les privilèges qui s’y attachent ; à savoir l’usus (le droit d’user du bien), le fructus (le droit d’en récolter les fruits) et l’abus (le droit d’abuser  du bien ou de le donner). Donc, toutes les autres personnes occupant et exploitant les terres du domaine national, à la date d’entrée en vigueur de la loi, pouvaient continuer à les occuper et à les exploiter, mais  elles n’ont qu’un droit d’usage auquel les organes compétents peuvent mettre fin, sous réserve de certaines conditions. 
Toutefois, il faut préciser que la situation des usagers n’est pas précaire ; c’est-à-dire qu’ils doivent, le cas échéant, bénéficier d’une compensation sous forme de remboursement des investissements réalisés. Ainsi, beaucoup de personnes qui se considèrent improprement comme « propriétaires terriens » ou qui prétendent hériter leurs terres de leurs ancêtres, doivent se raviser. Car ces terres obéissent aux principes de l’impossible appropriation, de l’inaliénabilité et de l’intransmissibilité. Ainsi, on ne peut ni avoir un droit de propriété sur les terres du domaine national (les investisseurs privés n’ont pas un droit réel de propriété sur les terres qu’ils exploitent, mais un droit de propriété démembré puisqu’ils bénéficient d’un bail emphytéotique qui dure au minimum 99 ans) ni les céder, les transférer ou les transmettre à ses héritiers. Il s’y ajoute qu’il faut remplir deux conditions pour y accéder : la capacité  de les mettre en valeur et l’obligation de rattachement au terroir. Ainsi, concrètement, un natif de Dakar que rien ne lie à Salémata, ne peut légalement accéder aux terres de cette localité. Il faut constater avec regret que se sont les personnes qui sont sensées faire respecter cette loi qui en sont les plus grands violateurs.

Tous ces problèmes d’incompréhension sont, à notre avis, principalement dus au poids sociologique et historique qui pèse sur les rapports que les populations entretiennent avec la terre.
De ce fait, pour réussir une bonne réforme du foncier, la commission mise en place à cet effet par le nouveau régime, doit répondre aux trois questions que s’est posées l e Professeur Abdoulaye Diéye en concluant sa communication lors d’un panel organisé au CESTI (Centre d’études des sciences et techniques de l’information) sur ce sujet : «  une réforme pour qui ? Une réforme pourquoi ? Et une réforme avec qui ? » Sans quoi il y aurait une «  épine au pied » de l’acte 3 de la décentralisation.