jeudi 19 décembre 2013

Développement des ressources naturelles, une réponse au chômage des jeunes



« L’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est paradoxalement, le continent le plus pauvre de par sa contribution dans l’économie mondiale ». Ces propos ont été tenus par Abdoulaye Dia, Directeur de la formation doctorale Géo-ressources, imagerie et Environnement de l’Université Cheikh Anta Diop, lors de la journée de réflexion organisée par le groupe des amis de la francophonie, Mercredi dernier, dans la salle de conférence de l’UCAD II. II a prononcé la communication introductive sur le thème général « Quelle Afrique pour ses jeunes ? Comment développer les ressources naturelles du continent ? Partage d’expériences francophones.

Face à un auditoire composé essentiellement d’élèves et d’étudiants, le Professeur Abdoulaye Dia, a déclaré que l’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est paradoxalement le continent le plus pauvre de par sa contribution dans l’économie mondiale. Il ajoute que si la tendance du chômage des jeunes n’est pas inversée, elle pourrait aboutir à une destruction du tissu économique et de la cohésion sociale des pays africains en voie de transition démocratique. C’est pourquoi, il a appelé à la correction de ce paradoxe en développant des partenariats gagnant-gagnant dans l’exploitation de nos ressources pour la création d’avoirs durables et la réduction considérable du chômage des jeunes. Pour y parvenir, selon toujours le professeur Dia, la première logique, c’est de mettre en cohérence les politiques de développement économique, social et de gestion des ressources naturelles. Ainsi, il s’interroge sur les capacités économiques et la volonté politique de notre continent à relever les défis en 2025. Pour le Directeur de l’Agence de la Grande Muraille verte, le renforcement de la formation professionnelle et technique des jeunes et des capacités de recherche-développement des chercheurs ainsi que l’investissement dans les sciences et technologies sont plus qu’une nécessité. La gestion et l’exploitation efficientes des ressources naturelles pourraient constituer une activité à forte intensité de mains d’œuvre et d’emplois spécialisés, a-t-il rassuré. Ce qui, selon lui, permettra l’émergence et l’autonomisation d’une jeunesse citoyenne et responsable, capable de prendre en charge le destin de notre continent.

 Il a évoqué, outre les besoins en investissements dans le secteur des ressources naturelles, que l’Afrique reste confrontée au défi de la sécurité alimentaire. Ainsi, malgré le fait que l’Afrique soit la première pourvoyeuse de matières premières stratégiques, 250 millions d’africains ont faim chaque nuit. Notre continent dépense 22 milliards de Dollars américains pour importer de la nourriture, précise Abdoulaye Dia. Dans la même veine, il a souligne qu’une étude menée en 2010 montre que les revenus des entreprises d’exploitation minière ont augmenté de 32% et leurs résultats nets de 156%, alors que les taxes versées aux Etats africains concernés ne se sont accrues que de 6%. D’où, selon lui, la nécessité de réviser les conventions minières. Car, déclare-t-il, cette révision permettra de revoir la stabilisation des acquis de manière à faire bénéficier à l’Afrique des super profits générer par l’augmentation des coûts des matières premières.

Il a, en outre, défendu que la transparence doit certes être appliquée par les Etats dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles, mais on doit aussi s’interroger sur celle des finances des entreprises exploitantes. Ce qui permettra, selon lui, de transformer les ressources en richesses et assurer un partage équitable des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles entre partenaires (Etats, populations et entreprises exploitantes) dans la transparence. C’est une voie que l’Afrique doit explorer pour assurer l’équilibre des intérêts des différents partenaires.

L’Afrique reste confrontée à d’autres défis tels que le changement climatique, la sécheresse, la désertification, entres autres, poursuit Abdoulaye Dia. Ces fléaux, estime-t-il, nous font perdre notre couvert végétal mais aussi 12 millions d’hectares de terres arables par an. Il précise que notre continent compte 60% de terres semi-arides à arides.

Par ailleurs, il estime que la part annuelle de l’Afrique dans la production mondiale de pétrole est en moyenne de 11%, alors que sa part de consommation ne représente que 3,86%. Ce qui selon lui est sans commune mesure avec les besoins énergétiques du continent africain. En outre, selon le Professeur Dia, la lancinante question de mise à la disposition des entreprises d’agro-industrie de terres cultivables, mérite d’être posée. Nous devons promouvoir les exploitations familiales, mais aussi initier des politiques pour capter des investissements étrangers dans le strict respect des intérêts des populations.

Faire de l’Afrique un continent stable et économiquement viable doit être notre seule préoccupation, déclare-il. Pour y arriver, il estime que la jeunesse  constitue un atout puissant de développement en Afrique où d’après les dernières statistiques, 60% des jeunes ont moins de 25ans. « Nous devons quitter l’arbre à palabre pour nous atteler à l’opérationnalisation de nos initiatives et générer ainsi des niches d’emplois et de faire de la jeunesse africaine une jeunesse citoyenne et responsable », conclut-il. 
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