« L’Afrique
est riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, mais est
paradoxalement, le continent le plus pauvre de par sa contribution dans
l’économie mondiale ». Ces propos ont été tenus par Abdoulaye Dia,
Directeur de la formation doctorale Géo-ressources, imagerie et Environnement
de l’Université Cheikh Anta Diop, lors de la journée de réflexion organisée par
le groupe des amis de la francophonie, Mercredi
dernier, dans la salle de conférence de l’UCAD II. II a prononcé la
communication introductive sur le thème général « Quelle Afrique pour ses jeunes ?
Comment développer les ressources naturelles du continent ? Partage
d’expériences francophones.
Face
à un auditoire composé essentiellement d’élèves et d’étudiants, le Professeur
Abdoulaye Dia, a déclaré que l’Afrique est riche de sa jeunesse et de ses
ressources naturelles, mais est paradoxalement le continent le plus pauvre de
par sa contribution dans l’économie mondiale. Il ajoute que si la tendance du
chômage des jeunes n’est pas inversée, elle pourrait aboutir à une destruction
du tissu économique et de la cohésion sociale des pays africains en voie de
transition démocratique. C’est pourquoi, il a appelé à la correction de ce
paradoxe en développant des partenariats gagnant-gagnant dans l’exploitation de
nos ressources pour la création d’avoirs durables et la réduction considérable
du chômage des jeunes. Pour y parvenir, selon toujours le professeur Dia, la
première logique, c’est de mettre en cohérence les politiques de développement
économique, social et de gestion des ressources naturelles. Ainsi, il s’interroge
sur les capacités économiques et la volonté politique de notre continent à
relever les défis en 2025. Pour le Directeur de l’Agence de la Grande Muraille
verte, le renforcement de la formation professionnelle et technique des jeunes
et des capacités de recherche-développement des chercheurs ainsi que
l’investissement dans les sciences et technologies sont plus qu’une nécessité.
La gestion et l’exploitation efficientes des ressources naturelles pourraient
constituer une activité à forte intensité de mains d’œuvre et d’emplois
spécialisés, a-t-il rassuré. Ce qui, selon lui, permettra l’émergence et
l’autonomisation d’une jeunesse citoyenne et responsable, capable de prendre en
charge le destin de notre continent.
Il a évoqué, outre les besoins en
investissements dans le secteur des ressources naturelles, que l’Afrique reste
confrontée au défi de la sécurité alimentaire. Ainsi, malgré le fait que
l’Afrique soit la première pourvoyeuse de matières premières stratégiques, 250 millions
d’africains ont faim chaque nuit. Notre continent dépense 22 milliards de
Dollars américains pour importer de la nourriture, précise Abdoulaye Dia. Dans
la même veine, il a souligne qu’une étude menée en 2010 montre que les revenus
des entreprises d’exploitation minière ont augmenté de 32% et leurs résultats
nets de 156%, alors que les taxes versées aux Etats africains concernés ne se
sont accrues que de 6%. D’où, selon lui, la nécessité de réviser les
conventions minières. Car, déclare-t-il, cette révision permettra de revoir la
stabilisation des acquis de manière à faire bénéficier à l’Afrique des super
profits générer par l’augmentation des coûts des matières premières.
Il
a, en outre, défendu que la transparence doit certes être appliquée par les
Etats dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles, mais on doit
aussi s’interroger sur celle des finances des entreprises exploitantes. Ce
qui permettra, selon lui, de transformer les ressources en richesses et assurer
un partage équitable des revenus tirés de l’exploitation des ressources
naturelles entre partenaires (Etats, populations et entreprises exploitantes)
dans la transparence. C’est une voie que l’Afrique doit explorer pour assurer
l’équilibre des intérêts des différents partenaires.
L’Afrique
reste confrontée à d’autres défis tels que le changement climatique, la
sécheresse, la désertification, entres autres, poursuit Abdoulaye Dia. Ces
fléaux, estime-t-il, nous font perdre notre couvert végétal mais aussi 12
millions d’hectares de terres arables par an. Il précise que notre continent
compte 60% de terres semi-arides à arides.
Par
ailleurs, il estime que la part annuelle de l’Afrique dans la production
mondiale de pétrole est en moyenne de 11%, alors que sa part de consommation ne
représente que 3,86%. Ce qui selon lui est sans commune mesure avec les besoins
énergétiques du continent africain. En outre, selon le Professeur Dia, la
lancinante question de mise à la disposition des entreprises d’agro-industrie
de terres cultivables, mérite d’être posée. Nous devons promouvoir les
exploitations familiales, mais aussi initier des politiques pour capter des
investissements étrangers dans le strict respect des intérêts des populations.
Faire
de l’Afrique un continent stable et économiquement viable doit être notre seule
préoccupation, déclare-il. Pour y arriver, il estime que la jeunesse constitue un atout puissant de développement en
Afrique où d’après les dernières statistiques, 60% des jeunes ont moins de
25ans. « Nous devons quitter l’arbre à palabre pour nous atteler à
l’opérationnalisation de nos initiatives et générer ainsi des niches d’emplois
et de faire de la jeunesse africaine une jeunesse citoyenne et responsable »,
conclut-il.
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