Les étudiants dans la salle de l'UCAD II |
La conférence
inaugurale annuelle de la fondation Léopold Sédar Senghor qui s’est tenue à
l’UCAD II, jeudi dernier, a été interrompue par les membres du collectif pour
la défense des intérêts des étudiants, après leur assemblée général tenue
devant la Direction du COUD. Ils ont dénoncé la présence dans « leur
espace », du Professeur Souleymane
Bachir Diagne qui présidait la commission nationale de réflexion sur l’avenir
de l’enseignent supérieur. Selon eux, il est à l’origine de la crise qui secoue
l’université. C’est pourquoi, soutiennent-ils, ils l’ont déclaré persona non grata. Certaines
personnalités que nous avons interrogées disent regretter cet incident survenu
dans ce « haut lieu du savoir ».
Voici le film de
l’évènement :
Extrait du discours
d’Alpha Sow, membre du collectif, devant la Direction du COUD :
« Lors de notre dernière assemblée générale, nous avions
convenu d’empêcher Souleymane Bachir Diagne d’accéder à l’Université parce que
nous l’avons déclaré persona non grata.
Nous reprochons à Souleymane Bachir Diagne de ne pas être un sénégalais. Il ne
connait pas les réalités du Sénégal en ce sens qu’il veut transférer ici ce qui
se fait aux Etats-Unis où une femme de ménage est mieux payée qu’un professeur
titulaire à l’université Cheikh Anta Diop. Les situations ne sont pas les mêmes.
Donc, ce n’est pas à lui de réfléchir pour nous.
Les autorités veulent harmoniser les inscriptions, alors
qu’elles n’harmonisent pas le coût de la nourriture, elles n’harmonisent pas
les salaires des ministres qui sont mieux payés que leurs homologues africains.
Qu’elles prennent leur responsabilité, car nous avons nos propres réalités.
Nous ne refusons pas
de payer les montants retenus, mais le problème est que nous ne le pouvons pas.
Nous sommes tous des fils de paysans et d’éleveurs. Nos bourses sont une
question de vie ou de mort, nous en privés serait équivalent de nous exclure
des facultés ; chose que nous ne pouvons admettre. Nous avons droit à
l’éducation et l’Etat a la prérogative et le devoir de prendre en charge les frais
y afférents. Si l’Etat l’oublie ; nous allons le lui rappeler
Maintenant, je propose que les gens marchent dans la
discipline, dans le respect, dans la cohésion et que nous revenions ici pour
faire le bilan».
Les policiers pris au dépourvu
Arrivés aux abords de l’UCAD II, les étudiants grévistes se
sont scindés en petits groupes pour tromper la vigilance des forces de l’ordre
qui ont investi les lieux dés les premières heures de la matinée. Ils sont
ainsi parvenus à s’introduire dans la salle de conférence et ont pris d’assaut
le présidium, obligeant Saliou Ndiaye, Recteur de l’UCAD, à interrompre son
discours de bienvenue. Alors que Souleymane Bachir Diagne avait quitté les
lieux, les déclarations d’étudiants fusèrent de partout dans un désordre
indescriptible. Après avoir « intimé l’ordre » au public d’évacuer
la salle, ils entonnent leur « hymne » favori.
Réactions de certaines personnalités
Madieyna Diouf :
« C’est un incident malheureux, il ne faut surtout pas
mettre de l’huile sur le feu ».
Cheikh Hamidou Kane :
« C’est regrettable que dans ce haut lieu du savoir
qu’est l’Université Cheikh Anta Diop, que des soi-disant étudiants empêchent la
tenue d’une conférence animée par les meilleurs esprits du continent sans
donner des arguments compréhensibles pour justifier ce comportement. C’est des
choses décourageant et qui m’attristent pour l’avenir de notre pays ».
Djibo Ka :
« Il faut impérativement que l’Etat, les autorités
universitaires et les étudiants se parlent, sinon c’est l’impasse. C’est
déplorable. Je connais les étudiants, ils sont gentils, mais ils ne tolèrent
pas l’injustice et l’inéquité. Il faut qu’on les écoute comme parents d’élèves,
comme pères et comme alliés, bref comme partenaires parce qu’ils sont tous des
adultes. Il faut leur faire confiance. Ils sont conscients de ce que leur pays
a fait pour eux, ils ne vont pas tout détruire quand même. Ils ont raison de
protester de façon calme. On ne se bat pas en criant, en cassant tout. Mais on
se bat avec un argumentaire convaincant, avec un document de fond convaincant.
L a violence n’a pas de place dans une enceinte comme l’université. Cet espace
doit être un lieu de paix, de recherche et d’excellence ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire