jeudi 23 janvier 2014

« Les femmes, objets et non sujets d’information »

Le Cesti (Centre d’études des sciences et techniques de l’information) a, dans le cadre de son programme de pédagogie active, organisé, ce Mercredi, en collaboration avec l’Association Article 19, une conférence sur la place des femmes dans les médias. Cet atelier de partage des résultats du monitoring effectué par cette organisation, a révélé que les femmes occupent une place marginale dans l’espace médiatique sénégalais.

Les femmes sont considérées comme des objets d’information et non comme des sujets d’information. Elles ne sont pas des actrices dans l’information. Cette affirmation est de Tidiane Kassé, conférencier du jour et  auteur de l’étude. Elle répond ainsi à la question de Ibrahim Sarr, Directeur du Cesti qui, dans son discours de bienvenue, s’est interrogé sur l « ’évolution de la représentation des femmes dans les médias sénégalais ». Selon ce dernier, ce travail intervient dans une société qui subit des transformations variées. Avec l’avènement de l’alternance de 2000, il y a eu l’émergence d’une presse populaire, précise t-il.

L’un des objectifs majeurs de cette étude, c’est de voir comment les médias appréhendent les questions liées aux femmes après l’adoption de la loi sur la parité en 2012, a dit le conférencier. Sur le plan quantitatif, a en croire Tidiane Kassé, l’étude a révélé, entres autres résultats, une présence marginale des femmes. Car selon lui, il y a un faible effort de la part des médias qui ne consacrent  que peu de sujets sur les femmes. En effet, sur 406 articles publiés durant une année par un quotidien de la place, seuls 50 sont consacrés aux femmes, a fait savoir, l’auteur de l’étude.

 Sur le plan qualitatif, selon toujours le conférencier, les rares émissions ou articles consacrés aux femmes ne portent souvent que sur des sujets de second ordre. « Les médias ne s’intéressent plus qu’au côté événementiel des activités des femmes ou à des faits divers se rapportant à elles », a regretté Tidiane Kassé. Ils traitent, s’agissant des femmes, plus des questions globalisantes au lieu de celles qui concernent spécifiquement les femmes, a-t-il ajouté. Assane Dioma Ndiaye d’appuyer les propos du conférencier en parlant de traitement « mineur » et « dévalorisant » des femmes par les médias. Il dénonce une violence «  pernicieuse » et « psychologique » dont sont victimes ces dernières dans les médias.

 Pour Alioune Tine, lorsqu'il s’agit de montrer le physique, les médias font appellent aux femmes. « Elles sont toutes belles, mais il n’existe pas ils sont tous beaux », a ironisé le Président du conseil  sénégalais des droits de l’homme qui faisait référence à une émission de télé-réalité qui se passe sur une chaîne de la place.


Pour juguler cette situation, le conférencier a fait entre autres recommandations, la capacitation des journalistes sur la problématique de la place des femmes dans les médias, la rupture avec les stéréotypes et clichés, la formation des organisations formatrices de femmes dans le domaine de la communication. C’est en ce sens que Fatou Sarr Sow a mis en garde les journalistes : « celui qui posera une question aux femmes que nous avons encadrées sur leur vie privée, ne posera pas une seconde.  Une manière pour la directrice du laboratoire Genre de l’IFAN, de dire qu’elles sont bien sensibilisées par rapport à cette problématique.

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