« Ce n’est pas la
tradition, mais la négation de cette tradition par l’Etat du Sénégal qui est à
l’origine du conflit casamançais. Ainsi,
la seule lecture culturaliste ne suffit pas pour expliquer l’origine de la
crise en Casamance. En plus de celle-ci, une lecture politique est
nécessaire ». Ces explications sont de Jean Claude Marus, Chercheur
associé au CNRS. Il tenait une conférence, ce mercredi, au Cesti dans le cadre
du carrefour d’actualité. Ce chercheur s’est aussi interrogé sur le rapport
entre le conflit foncier et le conflit armé en Casamance. Dans sa réponse, jean
Claude Marus a soutenu que la
confiscation des terres des populations casamançaises par l’Etat du Sénégal a
attisé les tensions. Le conférencier précise que cette confiscation est
consécutive à l’application brutale et sans concertation de la loi sur le
domaine national. Jean Claude Marus ajoute que les populations autochtones ont
vu leurs occupées par des étrangers. Selon lui, la crise des années 70 qui a
frappé le Sénégal a été à l’origine de la pression exercée sur le foncier en
Casamance. En effet, cette crise a occasionné le retour de beaucoup de
casamançais dans leur terroir. Des populations venues du nord à la recherche du
bien être envahissent la base Casamance.
Ici, la pêche, le tourisme et le commerce donnaient beaucoup de devises à
l’Etat du Sénégal.
La liberté d’expression a été mise en mal par
l’Etat du Sénégal. Ainsi, le mouvement social et populaire contestataire est
muselé par mes autorités sénégalaises. Jean Claude Marus a aussi souligné
l’absence d’une société civile solide capable de porter le combat. Il précise
que ce contexte a été marqué par le
discours nationaliste de Abbé Diamacoune Senghor. Un discours qui a été
récupéré par Mamadou Krumah Sané, installé en France, qui en devient le porte
drapeau. Le chercheur au CNRS n’a pas manqué de rappeler deux événements
marquants qui ont précipité la radicalisation du mouvement indépendantiste. Il
s’agit de la marche pour l’indépendance de la Casamance du 26 décembre 1982.
Cette marche non autorisée, mais pacifique, a fait l’objet de répression et
d’arrestation de leaders du mouvement jusque dans les milieux casamançais à
Dakar. La mort d’ Idrissa Sagna consécutive à une bavure policière lors d’une
manifestation d’élèves en février 1981.
Le conférencier estime
à 100 le nombre de villages abandonnés, soit 60.000 personnes déplacées. Jean
Claude Marus met en garde tous les acteurs concernés par la résolution de la
crise casamançaise sur les risques liés au retour noté de ses populations
déplacées.
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