mercredi 26 février 2014

"La négation de la tradition est à l'origine du conflit en Casamance"


« Ce n’est pas la tradition, mais la négation de cette tradition par l’Etat du Sénégal qui est à l’origine du conflit casamançais. Ainsi,  la seule lecture culturaliste ne suffit pas pour expliquer l’origine de la crise en Casamance. En plus de celle-ci, une lecture politique est nécessaire ». Ces explications sont de Jean Claude Marus, Chercheur associé au CNRS. Il tenait une conférence, ce mercredi, au Cesti dans le cadre du carrefour d’actualité. Ce chercheur s’est aussi interrogé sur le rapport entre le conflit foncier et le conflit armé en Casamance. Dans sa réponse, jean Claude Marus  a soutenu que la confiscation des terres des populations casamançaises par l’Etat du Sénégal a attisé les tensions. Le conférencier précise que cette confiscation est consécutive à l’application brutale et sans concertation de la loi sur le domaine national. Jean Claude Marus ajoute que les populations autochtones ont vu leurs occupées par des étrangers. Selon lui, la crise des années 70 qui a frappé le Sénégal a été à l’origine de la pression exercée sur le foncier en Casamance. En effet, cette crise a occasionné le retour de beaucoup de casamançais dans leur terroir. Des populations venues du nord à la recherche du bien être envahissent  la base Casamance. Ici, la pêche, le tourisme et le commerce donnaient beaucoup de devises à l’Etat du Sénégal.

 La liberté d’expression a été mise en mal par l’Etat du Sénégal. Ainsi, le mouvement social et populaire contestataire est muselé par mes autorités sénégalaises. Jean Claude Marus a aussi souligné l’absence d’une société civile solide capable de porter le combat. Il précise que ce contexte a été marqué  par le discours nationaliste de Abbé Diamacoune Senghor. Un discours qui a été récupéré par Mamadou Krumah Sané, installé en France, qui en devient le porte drapeau. Le chercheur au CNRS n’a pas manqué de rappeler deux événements marquants qui ont précipité la radicalisation du mouvement indépendantiste. Il s’agit de la marche pour l’indépendance de la Casamance du 26 décembre 1982. Cette marche non autorisée, mais pacifique, a fait l’objet de répression et d’arrestation de leaders du mouvement jusque dans les milieux casamançais à Dakar. La mort d’ Idrissa Sagna consécutive à une bavure policière lors d’une manifestation d’élèves en février 1981.


Le conférencier estime à 100 le nombre de villages abandonnés, soit 60.000 personnes déplacées. Jean Claude Marus met en garde tous les acteurs concernés par la résolution de la crise casamançaise sur les risques liés au retour noté de ses populations déplacées.

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