vendredi 7 février 2014

L’ADIE : un géant dans l’ombre

Perdue dans les dédales du technopôle situé sur l’autoroute, l’Agence de l’informatique de l’Etat n’est pas bien connue de la majorité des sénégalais. Pourtant à l’intérieur de ce site aux allures de parc, se passent de grandes choses qui participent de la bonne gouvernance et de l’efficacité de l’administration sénégalaise. Ainsi, dans le cadre de leur programme de pédagogie active, les élèves de la 43 eme promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) sont allés, mardi, à la découverte de ce géant dans l’ombre.

Arrivé à l’entrée du technopôle, le minibus du Cesti a parcouru 500 mètres à peu prés, avant de s’immobiliser devant un bâtiment peint en blanc avec des rayures bleues. Quelques gendarmes constitués en petits groupes observent un silence qui en dit long. Un des élèves descend et s’introduit dans le bâtiment pour demander si c’est dans ces locaux qu’est logée l’Agence de l’informatique de l’Etat. Nous sommes au bon endroit. Au standard règne une ambiance bon-enfant. Le responsable, sourire au coin nous souhaite la bienvenue. Un monsieur de taille moyenne et de teint un peu claire, s’extirpe d’une cabine où de jeunes  techniciens semblent absorber par l’écran de leurs ordinateurs. D'un geste maîtrisé, il tend une main amicale à Mamadou Ndiaye, notre encadreur, par ailleurs enseignant au Cesti. Il souhaite la bienvenue à ses hôtes du jour avec un haussement de la tête accompagné d’un sourire furtif. A peine installés confortablement dans la salle de réunion, un homme de taille moyenne et de teint claire fait son entrée. En costume bleue marine qui contraste bien avec une cravate de couleur grise sur une chemise blanche, le directeur des études et de l’ingénieure de l’Agence n’a pas mis de temps pour démarrer les travaux.

Le projet GIRAFE

A l’écran, le site de l’ADIE sur lequel on pouvait lire« Pour une e-administration efficace au service du e-citoyen ».  Une bonne entrée en matière pour Mayoro Fall  qui a commencé par rappeler  que l’ADIE est née en 2004 sous les cendres de la Direction de l’informatique. Le Directeur des études et de l’ingénieure, air décontracté, a mis l’accent  sur un projet phare de l’Agence dénommée « Gestion intégrée des  Ressources, Administrations et des Fonctionnaires de l’Etat du Sénégal (GIRAFE). Ce projet  d’un coût global de 421 500 000 de CFA est financé par l’Union européenne. Il fédère des chantiers majeurs tels que la mise en place d’une application de gestion des ressources humaines de la Fonction publique, la mise en place d’un fichier unifié des données des agents de l’Etat, l’élaboration d’une nomenclature unique des données de références de l’Etat. L’Agence de l’informatique de l’Etat a réalisé un pas important dans la consolidation du système de gestion des ressources humaines du Ministère de la fonction publique. Avec l’appui financier du Projet de Renforcement des Capacités en Bonne Gouvernance (PRECABG), elle a pu déployer la première version du système qui  est déjà fonctionnel pour les divisions Enseignants et Fonctionnaires du dit Ministère. Dans le même sillage, l’ADIE a initié, en mai 2012, un devis programme qui a pour objectif la mise en œuvre du dispositif de gestion et de mise à jour du fichier unifié des données des personnels de l’Etat. Ce programme est décliné en trois grandes étapes : l’élaboration d’une nomenclature des données unifiées des personnels, la certification des données par un audit physique biométrique et le lancement du dispositif d’échange et de mise à jour des données. La nomenclature unique des personnels administratifs a été validée le 24 octobre  2012 par les différents acteurs. Elle constitue ainsi une structure de base du futur fichier unifié.  Ce dernier sera, selon Mayoro Diagne, composé de quatre chantiers : chantier statut général,  chantiers militaires, chantier paramilitaires et chantier  judiciaire. «  Le système  va retracer la carrière de chaque agent. A terme, nous mettrons à la disposition de tous les agents une carte professionnelle biométrique. Cette carte va contenir toutes les informatives sur l’agent », a expliqué le Directeur des études et de l’ingénieure.

Dernière phase de l’audit physique biométrique

Après la présentation de Mayoro Diagne, nous avons été reçus par la commission spéciale qui officie sous une tente de couleur verte situé juste derrière le grand bâtiment. Au seuil de l’entrée, une voix grave s’échappe de la tente : « bienvenue ! où est votre encadreur ? C’est vous ? Il pointe le doigt sur Mamadou Lamine Ba, un des élèves. Ce dernier, d’un geste de la tête, répond par la négative.  Mamadou Ndiaye, accompagnateur, fait aussitôt son entrée.  A prés les salutations d’usage, notre hôte, la soixantaine, commence la présentation. « La commission spéciale que je dirige a été mise en place le 30 janvier dernier. Après  la phase contentieuse assurée par la commission nationale de traitement des contentieux, notre commission est chargée de la dernière  étape », a-t-il révélé.  Le président de la commission spéciale, après un bref rappel des différentes étapes de la procédure de l’audit physique et biométrique, nous a invité à suivre le déroulement de l’enrôlement d’une dame venue pour régulariser sa situation. La quarantaine, cet agent de teint claire passe, en quelques minutes, de la vérification des pièces justificatives, à la prise des empreintes en passant par la photographie.

Cette dernière phase va mettre un terme à  l’audit physique biométrique  qui a démarré depuis  le 30 novembre 2012. Les résultats définitifs de cet audit vont constituer le fichier unifié permettant de maîtriser non seulement les personnels de l’administration, mais aussi de réduire considérablement la masse salariale de l’Etat du Sénégal qui ne doit pas excéder 35% de ses recettes fiscales.

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