Perdue dans les dédales du technopôle situé sur l’autoroute, l’Agence
de l’informatique de l’Etat n’est pas bien connue de la majorité des
sénégalais. Pourtant à l’intérieur de ce site aux allures de parc, se passent
de grandes choses qui participent de la bonne gouvernance et de l’efficacité de
l’administration sénégalaise. Ainsi, dans le cadre de leur programme de
pédagogie active, les élèves de la 43 eme promotion du Centre d’études des
sciences et techniques de l’information (Cesti) sont allés, mardi, à la
découverte de ce géant dans l’ombre.
Arrivé à l’entrée du technopôle,
le minibus du Cesti a parcouru 500 mètres à peu prés, avant de s’immobiliser
devant un bâtiment peint en blanc avec des rayures bleues. Quelques gendarmes
constitués en petits groupes observent un silence qui en dit long. Un des élèves
descend et s’introduit dans le bâtiment pour demander si c’est dans ces locaux
qu’est logée l’Agence de l’informatique de l’Etat. Nous sommes au bon endroit.
Au standard règne une ambiance bon-enfant. Le responsable, sourire au coin nous
souhaite la bienvenue. Un monsieur de taille moyenne et de teint un peu claire,
s’extirpe d’une cabine où de jeunes
techniciens semblent absorber par l’écran de leurs ordinateurs. D'un
geste maîtrisé, il tend une main amicale à Mamadou Ndiaye, notre encadreur, par
ailleurs enseignant au Cesti. Il souhaite la bienvenue à ses hôtes du jour avec
un haussement de la tête accompagné d’un sourire furtif. A peine installés
confortablement dans la salle de réunion, un homme de taille moyenne et de
teint claire fait son entrée. En costume bleue marine qui contraste bien avec
une cravate de couleur grise sur une chemise blanche, le directeur des études
et de l’ingénieure de l’Agence n’a pas mis de temps pour démarrer les travaux.
Le projet GIRAFE
A l’écran, le site de l’ADIE sur
lequel on pouvait lire« Pour une e-administration efficace au service du
e-citoyen ». Une bonne entrée en
matière pour Mayoro Fall qui a commencé
par rappeler que l’ADIE est née en 2004
sous les cendres de la Direction de l’informatique. Le Directeur des études et
de l’ingénieure, air décontracté, a mis l’accent sur un projet phare de l’Agence
dénommée « Gestion intégrée des Ressources, Administrations et des Fonctionnaires
de l’Etat du Sénégal (GIRAFE). Ce projet
d’un coût global de 421 500 000 de CFA est financé par l’Union
européenne. Il fédère des chantiers majeurs tels que la mise en place d’une
application de gestion des ressources humaines de la Fonction publique, la mise
en place d’un fichier unifié des données des agents de l’Etat, l’élaboration
d’une nomenclature unique des données de références de l’Etat. L’Agence de
l’informatique de l’Etat a réalisé un pas important dans la consolidation du
système de gestion des ressources humaines du Ministère de la fonction
publique. Avec l’appui financier du Projet de Renforcement des Capacités en
Bonne Gouvernance (PRECABG), elle a pu déployer la première version du système
qui est déjà fonctionnel pour les
divisions Enseignants et Fonctionnaires du dit Ministère. Dans le même sillage,
l’ADIE a initié, en mai 2012, un devis programme qui a pour objectif la mise en
œuvre du dispositif de gestion et de mise à jour du fichier unifié des données
des personnels de l’Etat. Ce programme est décliné en trois grandes
étapes : l’élaboration d’une nomenclature des données unifiées des
personnels, la certification des données par un audit physique biométrique et
le lancement du dispositif d’échange et de mise à jour des données. La
nomenclature unique des personnels administratifs a été validée le 24 octobre 2012 par les différents acteurs. Elle
constitue ainsi une structure de base du futur fichier unifié. Ce dernier
sera, selon Mayoro Diagne, composé de quatre chantiers : chantier statut
général, chantiers militaires, chantier paramilitaires
et chantier judiciaire. « Le
système va retracer la carrière de
chaque agent. A terme, nous mettrons à la disposition de tous les agents une
carte professionnelle biométrique. Cette carte va contenir toutes les
informatives sur l’agent », a expliqué le Directeur des études et de l’ingénieure.
Dernière phase de l’audit physique biométrique
Après la présentation de Mayoro
Diagne, nous avons été reçus par la commission spéciale qui officie sous une
tente de couleur verte situé juste derrière le grand bâtiment. Au seuil de
l’entrée, une voix grave s’échappe de la tente : « bienvenue !
où est votre encadreur ? C’est vous ? Il pointe le doigt sur Mamadou
Lamine Ba, un des élèves. Ce dernier, d’un geste de la tête, répond par la
négative. Mamadou Ndiaye,
accompagnateur, fait aussitôt son entrée.
A prés les salutations d’usage, notre hôte, la soixantaine, commence la
présentation. « La commission spéciale que je dirige a été mise en
place le 30 janvier dernier. Après la
phase contentieuse assurée par la commission nationale de traitement des
contentieux, notre commission est chargée de la dernière étape », a-t-il révélé. Le président de la commission spéciale, après
un bref rappel des différentes étapes de la procédure de l’audit physique et
biométrique, nous a invité à suivre le déroulement de l’enrôlement d’une dame
venue pour régulariser sa situation. La quarantaine, cet agent de teint claire
passe, en quelques minutes, de la vérification des pièces justificatives, à la
prise des empreintes en passant par la photographie.
Cette dernière phase va mettre un
terme à l’audit physique
biométrique qui a démarré depuis le 30 novembre 2012. Les résultats définitifs
de cet audit vont constituer le fichier unifié permettant de maîtriser non seulement
les personnels de l’administration, mais aussi de réduire considérablement la
masse salariale de l’Etat du Sénégal qui ne doit pas excéder 35% de ses recettes
fiscales.
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