mardi 13 mai 2014

Amadou Kane, Président de l’organisme national de coordination des activités de vacances (ONCAV) : « L’Etat a été bien inspiré de collaborer avec nous…»

Santé, éducation, secours aux victimes des inondations, sont entre autres actions citoyennes menées par l’organisme national de coordination des activités de vacances (ONCAV). Cette association dirigée par Amadou Kane est reconnue d’utilité publique. Dans cet entretien, le conseiller économique, social etenvironnemental  apprécie ses rapports de confiance avec l’Etat, et parle de la participation de son mouvement dans la gestion des affaires publiques.



En tant qu’association d’envergure nationale, quel rôle l’Oncav joue-t-il  dans la gestion des affaires publiques ?

Tout d’abord je voudrais préciser que l’ONCAV est le cadre unitaire le plus important en ce qu’il est représentatif de nos villes, quartiers et villages. Si je prends l’exemple de Sicap Amitié II, il n’y a pas un cadre qui fédère mieux les différentes couches sociales que l’Association sportive et culturelle (ASC) Amitié II. La participation de notre mouvement se fait à tous les niveaux. Dans la santé, nous sommes représentés dans tous les comités de santé à travers le pays. C’est la même chose dans les comités de gestion des écoles. A ce niveau, il faut noter que c’est un arrêté ministériel qui institue notre participation dans ces comités.  
A chaque fois que des questions citoyennes se posent, l’ONCAV prend toujours les devants. Lors des inondations, notre association, en tant qu’émanation directe  des populations, est allée au chevet des sinistrés. En plus de nos activités sportives et culturelles, notre crédo, c’est aussi de trouver des solutions aux préoccupations des plus démunis.

Pouvez-vous nous citer des cas concrets  de participation de votre association dans  l’élaboration des politiques publiques ?

Nous sommes une association reconnue d’utilité publique par l’Etat du Sénégal. Donc il y a une forme de collaboration entre notre mouvement et l’Etat. Dans beaucoup de projets et programmes, l’Etat du Sénégal a sollicité notre point de vue. Il nous associe, par exemple, dans les programmes de vaccination ou de lutte contre le paludisme, la tuberculose, la drépanocytose, le sida.
Tout récemment, nous avons signé une convention avec le Ministère de la santé pour notre participation dans la couverture maladie universelle. La CMU étant conçue pour les populations, les autorités étatiques ont été inspirées de collaborer avec l’ONCAV qui représente l’un des cadres les plus élaborés dans lesquels les populations se reconnaissent. Nous saluons cet état d’esprit. Et nous avons organisé avec le Ministère de la santé un séminaire d’appropriation de ce projet. Nous avons aussi participés aux travaux de la commission nationale de réforme des institutions et avons organisé des foras dans les 45 départements du Sénégal. L’objectif était de requérir le point de vue des populations  par rapport à la réforme des institutions. Le président de la République s’en est félicité.
 Il faut rappeler  aussi, il  y a deux ans, lorsque la faiblesse du taux de scolarité a été établie par les bailleurs qui interviennent dans le secteur de l’éducation, nous avons proposé à l’Etat un projet dénommé le PARI. C’est un projet de renforcement des capacités des élèves de l’élémentaire dans certaines matières telles que le calcul et la lecture. Avec ce projet, nous avons pu relever le taux à 75%.
Par ailleurs, avec les coupures intempestives d’électricité que le Sénégal avait connues il y a deux ans, nous avions initié une activité de sensibilisation appelée « Takkal ». Nous avions appelé l’Etat à régler ce problème, mais aussi demandé aux populations de ne pas détruire les infrastructures de la SONELEC (Société nationale d’électricité du Sénégal).

L’Etat du Sénégal a initié une réforme administrative et territoriale communément appelée Acte 3 de la décentralisation, est-ce que votre mouvement a été associé à ce projet ?

Dés le début de la réforme, le Ministre de la décentralisation et de l’aménagement du territoire nous a envoyé le document. Après l’avoir étudié, mous l’avons rencontré pour lui exprimer notre point de vue. Ensuite, nous avons organisé deux rencontres pour cerner le contenu de cette réforme et mettre en place des mécanismes pour permettre son appropriation par les populations.  Il est aussi important de noter qu’une recomposition administrative affectera notre organisation. Le découpage de notre association correspond à celui de l’administration territoriale. Donc, c’est tout à fait normal que nous soyons associés à cette réforme pour pouvoir s’adapter à cette nouvelle situation. A cet effet, je suis membre du comité qui est entrain de sillonner le pays dans le cadre de la caravane de sensibilisation de l’Acte 3 de la décentralisation. Nous pensons que c’est un projet salutaire même s’il faut regretter le temps relativement court consacré à la sensibilisation.

 Quels sont les mécanismes de contrôle et de suivi que vous avez mis en place pour la prise en charge de vos préoccupations par l’Etat?

Dans le domaine de l’éducation et de la santé, nous faisons le suivi pour nous assurer que nos propositions ont été effectivement matérialisées par les comités de santé ou de gestion des écoles. Au niveau des réformes que nous avons citées plus haut, nos préoccupations ont été prises en charge. Maintenant, nous attendons leur mise en œuvre pour faire l’évaluation. En ce moment, nous verrons réellement les impacts positifs que ces réformes auront sur le bien-être des populations

mardi 22 avril 2014

Persistance de l’ethnocentrisme: Ce goulot qui étrangle Conakry

Le vice président de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Amadou Woury Ba, a tenu, samedi, à l’UCAD II, une conférence sur l’ethnocentrisme en Afrique : une donnée sociologique ou un avatar de la construction de l’Etat post-colonial.  Ce thème a été un prétexte pour le numéro 2 de l’UFDG  pour faire un diagnostic sans complaisance des problèmes ethniques en Guinée. Il a lancé un appel aux jeunes ressortissants guinéens au Sénégal de s’impliquer pleinement pour trouver des solutions à ce phénomène.

« La première explication de la montée en puissance de l’ethnocentrisme en Guinée est à trouver dans la mauvaise qualité de l’alliance entre la politique et l’économie. » Ces propos sont du conférencier. Selon l’ancien fonctionnaire de la Banque centrale guinéenne, la compétition entre ceux qui contrôlent l’économie et ceux qui exercent le pouvoir politique se traduit par des exclusions au niveau ethnique. Cet état de fait exacerbe, selon lui, le repli identitaire. «  Chaque ethnie ayant peur d’être lésée si ses membres ne sont pas aux affaires», révèle Ba woury avant d’ajouter que les guinéens doivent comprendre que les ethnies ne sont pas en compétition.

Dans sa communication, il a relevé quelques déterminants majeurs de l’ethnocentrisme en Guinéens. Amadou Woury Ba affirme : « la nature prédatrice et néopatrimoniale de l’Etat guinéen se traduit par l’accaparement des riches par une bourgeoisie bureaucratique au détriment d’une majorité paysanne ». Le conférencier trouve un autre facteur explicatif dans la sécheresse des années 70 qui a déclenché un flux migratoire important de populations des zones arides et semi-désertiques vers les terres plus fertiles du sud. Selon lui : «sédentarisation de nomades, pression accrue sur les terres agricoles, conflits autour des points d’eau et des zones de pâturage entre agricultures et éleveurs sont quelques aspects visibles de ces migrations. »

Ba Woury n’est tout de même pas pessimiste. « Mon souhait c’est de ne pas considérer ces questions comme étant fermées, mais des questions qui nous interpellent », a soutenu Amadou Woury Ba. Il reste convaincu que la situation en Guinée n’est pas irrémédiablement perdue. C’est pourquoi, il a appelé tous les guinéens à une analyse plus lucide et plus responsable pour trouver des solutions à l’ethnocentrisme dans ce pays. Pour ce faire, il préconise une définition de «critères objectifs d’accession à l’administration », mais aussi une « décentralisation qui prend en compte tous les citoyens sans référence faite à leurs ethnies, leurs origines ou à leurs opinions politiques ».

vendredi 18 avril 2014

Grève des élèves du Cesti : Ils dénoncent une discrimination

Les élèves du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) ont plié cahiers et stylos jusqu’à nouvel ordre. Ils ont sorti leurs griffes pour réclamer leurs bourses. Waly Guéye et ses camarades appellent le Ministre de l’enseignement supérieur à traiter les écoles et instituts de manière égalitaire.

« Les autorités étatiques prônent l’excellence, mais elles ne veulent pas récompenser le mérite. C’est un paradoxe », a constate le délégué des élèves du Cesti qui faisait face à la presse, jeudi. Waly Guèye et ses camarades rappellent que le concours d’entrée au Cesti  qui est une école d’excellence, est l’un des plus sélectifs au Sénégal. C’est pourquoi les pensionnaires de cette école affirment ne pas admettre que la vingtaine (niveaux licence et baccalauréat confondus) de candidats reçus chaqu’année, ne puisse pas bénéficier de bourses ». « Au lieu de couper nos allocations, les autorités devraient  les valoriser. Le Cesti est une école nationale comme la FASTEF et l’INSEPS dont les revendications ont été satisfaites », a soutenu Waly Guèye, avant d’ajouter que cette mesure est discriminatoire, elle doit être corrigée pour une égalité de traitement des écoles et instituts nationaux. 

«Le Directeur des bourses a osé dire, au cours d’une rencontre que nous avons eu avec lui, que les étudiants de la FASTEF et de l’INSEPS sont de futures formateurs, donc plus utiles que ceux du Cesti », a révélé le délégué, avant de soutenir : «  même les élèves de l’Ecole nationale d’administration (ENA) qui perçoivent plus de 150.000 F CFA le mois, ne sont pas plus méritants que nous ». Il a aussi fait savoir qu’ils ont adressé une correspondance au Directeur de l’enseignement supérieur qui est restée sans suite. «  Nous avons été trop patients. Depuis le début de l’année, il y a certains de nos camarades qui ne parviennent pas percevoir leurs bourses, alors qu’ils ne sont pas frappés par la mesure », révèle Chimère Loppy, l’un des animateurs de la conférence. Il prévient que certains élèves de licence 3 risquent d’avoir des difficultés pour la réalisation de leurs grandes enquêtes (mémoires) qui nécessitent des moyens financiers. Il explique : « pour la production de nos mémoires, nous louons des équipes techniques et faisons beaucoup de déplacements. Certains vont même à l’intérieur du pays pour traiter leurs sujets. Tout élève qui ne parvient pas à soutenir sa grande enquête ne recevra pas son diplôme.» Il affirme qu’aucun moyen légal de lutte n’est exclu pour obtenir satisfaction.  : «Même une grève de la faim est envisageable au cas où le Ministre de l’enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, ne varierait pas dans sa position ».


En attendant la réaction des autorités en charge de l’enseignement supérieur, les élèves du Centre d’études des sciences et techniques de l’information ont décrété un mot d’ordre de grève renouvelable  de 48 heures.

lundi 14 avril 2014

Première édition de la Conférence sociale: Vers un pacte de stabilité sociale et d’émergence économique

Le Ministre de la Fonction Publique, du Travail, du Dialogue social et des Organisations professionnelles a tenu, mercredi, une conférence de presse en prélude à la première édition de la  conférence sociale qui aura lieu les 14 et 15 Avril. Selon Mansour Sy, cette conférence sera un prétexte pour la signature du pacte national de stabilité sociale et de l’émergence économique entre le Gouvernement et les organisations d’employeurs et de travailleurs.

« Parvenir à un renouveau du dialogue social et à la signature d’un pacte de stabilité sociale et de l’émergence économique », tel est, selon le Ministre de la Fonction publique, l’objectif global de la conférence sociale prévue les 14 et 15 Avril.

 Pour y arriver, la conférence devrait permettre le renforcement du dialogue social entre l’Etat et les partenaires sociaux, l’appropriation des stratégies d’extension de la protection sociale par toutes les parties prenantes. La conférence constituera, selon Mansour Sy, un accélérateur de la mise en œuvre du Programme Pays pour le travail décent et permettra de favoriser la relance de l’entreprise.

L’avant-projet du pacte de stabilité sociale et de l’émergence économique a été validé par le Gouvernement et les organisations d’employeurs et de travailleurs. Selon le Ministre de la Fonction publique, les partenaires sociaux du Gouvernement ont fait preuve d’«esprit de patriotisme ».  Car ce pacte en vue « sera le gage d’un climat social apaisé sans lequel aucune perspective de productivité et de compétitivité consubstantielles à la création de richesses à redistribuer n’est assuré ». Mansour Sy de préciser que la signature de ce pacte ne signifie pas la fin des remous dans le front social, mais permettra de prévoir des mécanismes efficaces de règlement des différents. « Cette conférence vient à point nommé, car elle vient dans un contexte de mise en œuvre des programmes et projets contenus dans le plan Sénégal émergent », rappelle le Ministre de la Fonction publique.

Les échanges de cette première édition de la Conférence sociale se noueront autour du thème générique : « Dialogue social, Travail décent et Compétitivité » qui sera décliné en 7 thématiques.



mercredi 9 avril 2014

Menace de la Fièvre Ebola au Sénégal: Le Port et l’aéroport sous haute surveillance

Dans le cadre de la mise en œuvre du plan national de riposte contre la fièvre d’Ebola, le Ministre de la santé et de l’Action sociale a effectué, mardi, une visite au port autonome de Dakar et à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor. L’objet de ce périple du Dr. Awa Marie Colle Seck était d ’ « inspecter » les dispositifs de prévention de l’épidémie mis en place au niveau de ces deux sites stratégiques.

Le Ministre de la santé a effectué un périple qui l’a mené au Port autonome de Dakar et à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor pour constater l’opérationnalisation du plan national de riposte à la fièvre d’Ebola qui frappe aux portes du Sénégal. Face aux capacités de propagation rapide de l’épidémie, les autorités de ces deux structures sont en ordre de bataille pour jouer leur partition dans la prévention. Au niveau du port autonome de Dakar, le Ministre de la santé a eu droit à une présentation de la cartographie sanitaire. Selon le Chef du service médical du port, Pape Amadou Diop, cette cartographie est un «maillon important du dispositif mis en place pour le renforcement de la surveillance épidémiologique et de la riposte ». Car c’est en fonction de cette cartographie que le plan sera mis en œuvre.

Awa Marie Colle Seck a aussi été informée du contenu du plan de riposte conçu par l’administration portuaire en collaboration avec les services du Ministère de la santé. L’une des mesures fortes contenues dans ce plan est l’arraisonnement en rade des bateaux ayant séjourné dans les 22 jours aux ports de Conakry, de Monrovia et de Freetown. Ce délai correspond à la période d’incubation du virus. La surveillance épidémiologique, la supervision des embarquements et des débarquements ainsi que l’information et la sensibilisation des acteurs portuaires ont été renforcés. Pour la mise en œuvre de ces mesures, les personnels de police, de douane et de gendarmerie sont mis à contribution. « Le plan est conçu en application de la recommandation du comité de gestion des épidémies qui consiste à la définition des stratégies de riposte au niveau des frontières terrestres, aériennes et maritimes », a rappelé le Dr. Ousseynou Ba. Selon le Directeur du contrôle sanitaire aux affaires maritimes, ce plan de riposte sectoriel se justifie par la situation stratégique du port du point de vue économique, par sa forte densité de populations, mais aussi par sa capacité réelle de surveillance. Il a aussi précisé qu’il n’y a encore ni cas suspect, ni cas confirmé au Sénégal.  

Même son de cloche du côté de l’aéroport  international Léopold Sédar Senghor. Les autorités aéroportuaires ont concocté une stratégie de riposte. Selon le Médecin-chef du service de contrôle sanitaire aux frontières aériennes, c’est à l’arrivée que le dispositif mis en place prend tout son sens. Une salle de détection du virus est installée sur le tarmac de l’aéroport. Et les cas suspects sont directement acheminés à la salle d’isolement pour qu’ils n’accèdent pas à la salle d’arrivée. Les cas confirmés seront ensuite transférés par les services de la SAMU aux hôpitaux de référence en la matière (Fann et Principal).

Amadou Hamath Touré révèle que certaines compagnies ont pris la responsabilité de desservir les pays où l’épidémie sévit. Selon lui, ces compagnies doivent observer la procédure normalisée définie par l’OACI (organisation de l’aviation civile internationale). Cette procédure prévoit un contrôle au départ. S’il y a un cas suspect dans l’avion, le commandant de bord est tenu de le signaler au tour de contrôle qui, à son tour, alerte le Bureau sanitaire de l’aéroport.


Au terme de ce périple, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale dit être rassurée par les dispositifs mis en place par les autorités portuaires et aéroportuaires. «En plus de l’équipe sanitaire, tous les corps administratifs de la police, de la douane et de la gendarmerie sont à pied d’œuvre», constate Awa Marie Colle Seck. Selon elle, bien qu’étant huilé, le système doit chaque jour être amélioré

lundi 7 avril 2014

Gala de l’indépendance: Un nouvel instrument de cohésion sociale

L’ensemble lyrique traditionnel du Sénégal a tenu toutes ses promesses. La première édition du Gala de l’indépendance a vécu, jeudi, à la salle de spectacles du Théâtre national Daniel Sorano. La troupe traditionnelle a étalé tout son savoir-faire. Le public venu nombreux, a eu droit à un spectacle plein de couleurs. Le répertoire riche et varié contenu dans le premier album de l’Ensemble lyrique traditionnel reflète parfaitement la diversité culturelle du Sénégal.

21 heures à la devanture du Théâtre national Daniel Sorano. Quelques inconditionnels de l’Ensemble lyrique traditionnel arrivent par petits groupes. Sur une banderole, il est écrit : « Soirée : Gala de l’indépendance ». Le drapeau national attaché sur l’un des poteaux du bâtiment montre que Sorano est déjà de plein pied dans la célébration de la fête de l’indépendance nationale. Dans le hall, le Directeur du théâtre et Madame Madeleine, la responsable de la salle de spectacles échangent. A quelques 5 mètres, deux hôtesses sont préposées à l’accueil. Elles sont habillées en grand –boubou bleu-clair. Sur leurs têtes, des tresses ornées de boucles jaunes. Chacune d’elles a sur l’épaule une écharpe en indigo qui traverse sa poitrine en diagonale avant d’être nouée au rein droit. Dans la salle de spectacles, les quelques lumières allumées ne permettent pas d’identifier les personnes confortablement assises dans leurs sièges. Sous les rideaux qui ne sont pas encore levés, on aperçoit des pieds qui vont et viennent. Les membres de l’Ensemble lyrique s’affairent aux derniers réglages. 

En attendant la levée des rideaux, les poignets de main, les accolades et les petites discussions vont bon train. Une lumière s’échappe du balcon avant de tomber sur le maître de cérémonie. « Salabigué », un communicateur traditionnel au micro. Il demande à la salle des applaudissements. Aussitôt après, il introduit le Directeur du théâtre. Dans son mot de bienvenue, le Dr. Massamba Guèye soutient que Sorano est un lieu chargé d’histoire. Il rappelle le passage de grands noms dans ce temple culturel. «C’est ici que  Michael Jackson est monté sur scène pour la première fois avec ses frères de Jackson Five », a révélé le Directeur du Théâtre très en verve.

 Juste après son discours, une flûte retentit. Un homme âgé s’introduit par «  effraction » dans la salle. Des jeunes filles habillées tout en blanc sortent des allées. Et elles avancent lentement comme si elles étaient dans un lieu inconnu avant de presser le pas pour monter les escaliers du podium. Au même moment, un homme aux allures de guerrier, d’un pas lent mais assuré, monte lui aussi escaliers. Il tient le public en haleine avec un poème qui loue la cohésion sociale et l’unité nationale au Sénégal. Aussitôt après, les rideaux rouge bordeaux se lèvent. La troupe entonne la chanson générique de leur nouvel album. « SUNUGAL GUI » (notre pirogue) est un hymne à la paix au Sénégal. Dans ce morceau, l’Ensemble lyrique traditionnel appelle tous les sénégalais au renforcement de la paix sociale. La troupe chute sous une salve d’applaudissements d’un public très tôt acquis à leur cause.

Athia Wélé enchaîne avec « Cheikhou ka ngando » (Cheikou tu es un érudit). Une chanson dédiée à El hadj Omar Tall, propagateur de la «  tijania» en Afrique de l’ouest. Sous les projecteurs aux couleurs arc-en- ciel, les billets de banque pleuvent  sur la doyenne de la troupe. Ousmane Sow Huchard, a suivi le spectacle «  avec les yeux et les oreilles d’un musicologue ». Il décortique : « Si je parle seulement de l’instrumentation, je suis sûr que beaucoup de gens ne savent pas que derrière cette troupe, il y a un balafon balante, un « Ngoni », un « xalam », trois coras dont deux de Keur Moussa et une traditionnelle. Il y a aussi le balafon malinké, le «  saraba » qui est une flûte poular. Sérères,  bambaras, malinkés, poulars, wolofs, pour ne citer que ceux là, chantent tous à l’unisson. C’est cela qui est remarquable. C’est tout simplement le symbole le plus élaboré de l’unité nationale ». Le Directeur du Théâtre national Daniel Sorano embouche la même trompette en qualifiant l’Ensemble lyrique d « ’équipe nationale de chanson du Sénégal ». Emu, il ajoute : «  je suis fier de mon pays » avant de révéler que « désormais ce Gala est inscrit en lettres d’or dans l’agenda culturel du Sénégal. Il aura lieu chaqu’année à la veille de la fête de l’indépendance ».


La troupe traditionnelle continue d’exprimer tout son talent et toute sa classe à travers les 15 titres de l’album. Elle communie avec un public en euphorie qui danse au rythme de « YALK FAAXE », une chanson de Mbaye Ndiaye qui parle du cousinage à plaisanterie entre Sérères et peulhs. « YAR LEEN GUNEYI », morceau chanté par Alassane Mbaye, a aussi trouvé l’adhésion du public. Cette chanson est une invite à l’éducation, au civisme et à la citoyenneté. Khar Mbaye Madiaga, ancienne Directrice de Sorano, exprime toute sa satisfaction. « C’est avec un immense plaisir que regarde jouer cette troupe  que j’ai côtoyée pendant 22 ans. Je trouve que la diversité culturelle est encore respectée comme il l’a toujours été ». Maty Thiam Dogo, membre de l’Ensemble lyrique traditionnel, d’appuyer les propos de l’auteure de « karo kar ». Selon elle, sans l’entente et le respect de la différence, la troupe n’aurait pas réussi cette belle prestation. Une prestation qui s’est terminée sur une belle formule de l’homme aux airs de guerrier  sur l’unité et l’indivisibilité du Sénégal: « il était une fois, il est encore et sera toujours un pays : SUNUGAAL ».

mercredi 2 avril 2014

CELEBRATION DE LA FETE DE L’INDEPENDANCE 2014: L’Ensemble lyrique traditionnel affûte ses armes

La compagnie du théâtre national Daniel Sorano a organisé, ce mardi une conférence de presse en prélude à la première édition du « Gala de l’indépendance ». Ce spectacle est prévu ce jeudi et rentre dans le cadre de la célébration de la fête de l’indépendance. Cette manifestation va être un prétexte pour l’ensemble lyrique traditionnel de célébrer la sortie de son premier album, mais aussi la création de son nouveau « répertoire lyrique ».

L’ensemble lyrique traditionnel du Sénégal va organiser, ce jeudi à la salle de spectacle de Daniel Sorano, la première édition du « Gala de l’indépendance ». Une innovation majeure. Selon la responsable de la troupe, l’ensemble lyrique traditionnel a toujours participé à la célébration de la fête de l’indépendance. «  Mais cette année, notre participation sera spéciale. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes pour faire plaisir à ceux qui viendront nous voir », rassure Ndèye Fatou Ndiaye dite Mama.  Cette troupe caractérisée par une « grande diversité de voix et d’instruments » compte jouer sa partition dans la célébration de la fête de l’indépendance en revisitant  le fonds culturel riche et varié du Sénégal. 

Le « Gala de l’indépendance » sera aussi une occasion  pour l’ensemble lyrique traditionnel de lancer son premier album dénommé « SUNUGAAL GII » (notre pirogue) composé de 15 titres chantés dans différentes langues nationales. La drogue et ses conséquences néfastes, l’amitié, le gaspillage dans les cérémonies familiales, l’hymne à la reconnaissance, sont entre autres thèmes abordés dans cet album.

 À en croire le Directeur général du théâtre national Daniel Sorano,  cette œuvre est le fruit de deux années de dur labeur. Elle traduit la diversité culturelle qui est le « ciment de la stabilité sociopolitique du Sénégal ». Chaque membre de la troupe chante dans sa langue maternelle tout en répondant aux autres dans leurs langues. « Vous avez écouté ceux qui se sont succédés au micro. Ils ont chanté en sérère, en wolof, en poular, en soninké. Nous sommes une famille. C’est tout simplement le Sénégal en miniature. C’est pourquoi je dis que tous ceux qui rateront cette prestation ne sont pas chanceux », ironise Dr. Massamba Guèye.


L’ensemble lyrique traditionnel est créé en 1965. Cette troupe et l’orchestre national constituent les deux groupes musicaux du ministère de la culture. Le premier n’utilise que des instruments traditionnels africains, alors que le second traduit l’ «enracinement et l’ouverture » chers au Président-poète, Léopold Sédar Senghor.

mercredi 26 mars 2014

Tibou Diabaye, artiste-musicien, auteur-compositeur « J’ai compris que j’étais né pour être musicien »

Encore dans l'ombre, Tibou Diabaye rêve de devenir un artiste de renommée mondiale. Agé de 30 ans, ce jeune alpoular de teint noir et jovial pense déjà à un disque d’or. Dans cet entretien, il revient  entre autres sur ses origines, ses premiers pas dans la musique, la préparation de son premier album.


Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs ?
Tibou Diabaye  est un jeune griot né de parents peulhs. Je suis originaire du fouta, précisément de Démét, un village historique situé dans l’île amorphile (Département de Podor). Je suis artiste-musicien et auteur-compositeur. J’ai toujours aimé l’art des griots que j’ai hérité de mes parents qui sont très respectés dans notre localité. Mon arrière-grand-père Demba Gawlel était le griot d’El hadj Oumar Tall. C’est dans cet environnement que j’ai vécu depuis ma tendre enfance J’ai aussi fréquenté  l’école nationale des arts où j’ai passé 5 années de formation. Depuis 2009 je travaille dure pour gagner ma place dans le paysage musical du Sénégal.

Qu’est-ce qui  vous a poussé à faire la musique ?
Je suis né artiste. Et comme je l’ai dit, je suis né dans une famille de griots. Un griot est naturellement un artiste. En plus, mon père est un grand griot. Il est connu dans tout le fouta et en Mauritanie. Dés le bas âge, mes parents avaient détecté en moi des talents. J’étais choyé par mon père avec qui j’ai sillonné presque tout le fouta et la Mauritanie. Il m’amenait toujours avec lui lorsqu’il allait rendre visite à ses amis. Il m’a appris l’art des griots. Lorsque j’avais 16 ans, je regroupais souvent mes amis chez moi ou sur la place du quartier pour chanter et danser. Je jouais au « Bitikonguel » (il affiche un sourire) (un instrument que nous fabriquions et qui est fait d’un pot qui loge le bout d’un bâton arqué  sur lequel on attache une corde fine). Mais, c’est surtout mon demi-frère Abou Diabaye  qui était lui aussi musicien qui m’a introduit dans le milieu de la musique. En 1999, il est revenu chez nous avec son groupe et j’étais tout le temps avec eux. J’assistais à leurs répétitions à l’occasion desquelles il me demandait de chanter. Ils ont commencé à m’amener dans les veillées culturelles qu’ils organisaient dans le village. Mon jeune âge faisait que mon père ne voulait pas que j’aille avec eux pour chanter. A chaque fois que j’étais absent, le public me réclamait. J’étais devenu le chouchou du public qui était impressionné par jeune âge. Mon père avait fini par comprendre que j’avais la musique dans les « veines ». Ainsi, je partais avec eux dans leurs tournées qu’ils effectuaient dans le fouta et en Mauritanie. A la fin de leurs tournées, ils sont rentrés sur Dakar. Je me suis senti vraiment seul. J’ai compris que j’étais né pour être musicien. J’ai décidé de quitter mon village pour venir à Dakar. J’ai été hébergé par mon oncle maternel  au Sicap rue 10. Son domicile était un lieu de fréquentation de musiciens tels que Baba Maal, Abou Diouba, Guélel Sangott, Ngaari Laaw. Dés fois, mon oncle qui jouait à la guitare m’invitait à chanter. C’est avec sa guitare que j’ai appris mes premières notes. En 2004, ma mère qui se trouve en France m’a envoyé une guitare (il en parle avec émotion). Ce soutien m’a réconforté dans mon vœu de faire carrière dans la musique.

Vous êtes entrain de préparer votre premier album. Quels sont les thèmes généraux que vous y abordez ?
Dans l’album, je développe des thèmes sur la culture poular, en particulier sur celle des griots. J’ai revisité le fonds culturel peulh qui est très riche. Je parle aussi des thèmes relatifs à l’émigration, à l’amour (il prend sa guitare et commence à jouer quelques notes). Je rends également hommage à certains qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
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Beaucoup d’artistes-musiciens rencontrent d’énormes problèmes pour trouver un producteur. Comment est-ce que vous avez trouvé des moyens pour la production de votre album ?

C’est un opérateur économique du nom d’Abdoulaye Elimane Dia qui a financé la production de l’album. Il est aussi originaire de Démét comme moi. Nous sommes leurs griots et nos deux pères étaient des amis. Nos deux familles sont très liées depuis fort longtemps. Ces rapports sont encore très solides. Un jour, je me suis rendu chez lui, je lui ai donné une maquette qu’il a écoutée et appréciée. Aussitôt après, il a pris l’engagement de m’aider à produire un album (son téléphone sonne. Il pinçait encore les cordes de sa guitare. Sa choriste décroche et place l’appareil contre son oreille gauche et il entonne une chanson en souriant). Il y a mis ses moyens et m’a dit qu’il n’attend rien en retour. J’en profite pour le remercier pour sa générosité. Je signale que c’est quelqu'un qui est profondément enraciné dans sa culture.

Quand est-ce qu’est prévue la sortie de votre album ?
L’album va sortir bientôt. L’enregistrement et le mixage ont été déjà réalisés. Nous sommes entrain de préparer un vidéo-clip. Le tournage va se faire la semaine prochaine. Ensuite, il sera mis à la disposition des chaînes de télévision de la place pour la promotion du produit. Et un mois après, nous le mettrons sur le marché.

vendredi 14 mars 2014

A la rencontre d’un citoyen modèle

« Tout ce qui m’intéresse, c’est que le lieu soit propre », ces propos sont de Karim Sylla, technicien de surface. Nez aquilin, teint un peu clair, le chef de dépôt d’ordures de Touba Ouakam n’hésite pas à utiliser ses propres moyens pour soulager les riverains des immondices. D’un abord facile, il est, selon ses proches, nerveux mais très généreux.


 Bouche toujours souriante sur son visage calme et radieux et son énergie « débordante » renseignent à suffisance sur l’amour qu’il a pour son travail. Sa générosité légendaire  dans l’effort l’amène souvent, dés qu’il aperçoit des ménagères dandiner sous l’effet de la charge de leurs corbeilles, à se porter vers  elles pour les soulager. « J’aime l’ordre et la rigueur dans le travail. Je ne sais pas tricher, je l’ai dans le sang. C’est une éducation que j’ai reçue de mon père qui était militaire», révèle ce technicien de surface. Oumy Kalssoum Sy et Houlèye Diallo, ses amies de longue date rencontrées chez lui, confirment cet amour qu’il a pour son travail .Elles soutiennent qu’il travaille même les dimanches et les jours de fêtes. « Dés fois, il reste seul au jusqu’à 3 heures du matin, malgré la fraîcheur, pour dissuader ceux qui seraient tenter de déposer leurs ordures par terre », ajoute Oumy avec émotion.


Né le 24 mai 1978, le chef de dépôt d’ordures de Ouakam est le cadet d’une fratrie de huit enfants. De mère bambara et de père peulh, Karim Sylla parle Ouolof et français. Il a fait ses études élémentaires entre Stella Mariste et l’école Mamadou Diop de Ouakam. Avec les grèves répétitives dans l’école publique, son père l’envoie aux cours privés Bouba Ndiaye Sanb où il étudie jusqu’en classe de 4eme. En 1994, il  décide d’abandonner les études. Pour meubler son temps libre, il initie cette même année, des séances de Set- sétal dans son quartier de Touba Ouakam. Mélancolique, le natif de Pikine aux cheveux roux se rappelle encore, sourire au coin, de ces moments. « Les habitants du quartier appréciaient beaucoup ce que je faisais. Certains me donnaient des pièces de monnaie pour m’encourager. J’arrivais donc à satisfaire mes besoins », explique-t-il.


Cette initiative le mène à AMA- Sénégal où il est recruté le 1er janvier 2004. Avec la rupture du contrat entre cette société de nettoiement et l’Etat du Sénégal  le 22 juillet 2006, il se retrouve au chômage. Il en parle avec amertume que laisse transparaître sa voix étreinte par l’émotion. Il ne s’est pas tourné longtemps le pouce. Car il est recruté la même année à Entente KADAKAR. En septembre 2011, le père de Fatou Sylla devient le chef de dépôt situé au terrain Monténary en face du camp Paul Lapeyre de Ouakam.  
Le regard que certains sénégalais portent sur les techniciens de surface ne gêne pas Karim Sylla. Selon lui, «il n’y a pas de son métier ». « Avec mon travail, j’arrive à entretenir mes enfants et à aider ma mère. Je n’ai vraiment rien à envier à qui que ce soit », ajoute-t-il avec une voix ferme.


Son salaire contraste avec la charge des ordures et de celle de trois  « bouts de bois de Dieu » qui pèsent sur ses  courtes épaules. Selon ses voisins, Karim est un bon père de famille. Depuis 2008, il s’occupe seul de ses enfants. Selon Oumy Kalssoum Sy, il est un père attentionné qui s’occupe bien de l’éducation et du bien être de ses enfants. « Il est généreux avec tout le monde, c’est pourquoi il n’épargne jamais. C’est l’un de ses défauts », révèle-t-elle.


Du haut de son mètre 85, Karim affiche toujours un regard serein qui inspire respect et confiance. De corpulence moyenne, Rimka, comme l’appellent  ses intimes, a un penchant pour les « gros biceps ». Il est un féru de lutte. Les nombreux posters des lutteurs Balla Gaye et Yékini accrochés au mur de son salon en est une parfaite illustration. Son plat préféré est le « mafé ». Le thé lui permet de  « lutter contre la solitude ».



Depuis six mois, Karim Sylla est chargé de l’information et de la sensibilisation du syndicat national des travailleurs du nettoiement à Ouakam. Eu égard à sa riche expérience, il nourrit l’ambition de devenir un jour le responsable national de ce syndicat.

vendredi 28 février 2014

"La pauvreté pousse les jeunes à s'engager dans le terrorisme

 Le Cesti a accueilli ce jeudi, dans le cadre du carrefour d’actualité, Nicholas Kralev, journaliste et expert en diplomatie, en monde des affaires et en voyage mondiale. L’ancien correspondant du Financial Times et du Washington Times a exposé sur le thème : « Diplomatie américaine et bonne gouvernance ». «  Pourquoi voulez-vous être journalistes ? », a-t-il lancé, d’entrée de jeu, à l’endroit des élèves. Après les réactions de quelques élèves, il a rappelé les « trois fonctions du journalisme : informer, éduquer et divertir ». « Ce n’est pas facile de divertir en diplomatie, c’est pourquoi j’ai choisi de mettre l’accent sur les deux premières fonctions », a-t-il précisé. C’est ainsi, explique-t-il, « j’ai commencé à m’interroger sur comment les activités de la diplomatie impactent la vie et l’économie aux Etats-Unis et dans les autres pays ». L’ancien conseiller de Colin Powell a rappelé que la mission de la diplomatie des Etats Unis, c’est de contribuer à la sécurité et à la prospérité du peuple américain. C’est pour cette raison que l’administration américaine est souvent accusée par certains Etats d’ingérence dans leurs affaires intérieures. Selon  Nicholas Kravel, après les attentats du 11 septembre 2001, l’administration américaine s’est rendue compte que pour que les Etats Unis soient sûres et stables, il faut que le monde le soit d’abord. Ainsi, « la meilleure manière de prévenir l’insécurité et l’instabilité des Etats Unis, c’est de faire de sorte que tous les pays soient bien gouvernés », assure-t-il. Pour l’auteur de « L’autre armée américaine », la bonne gouvernance consiste pour les gouvernements à respecter les droits de l’homme et à offrir des services de base et des emplois aux citoyens. C’est à cet effet, poursuit-il que « les Etats Unis appliquent une diplomatie de bonne gouvernance pour éviter que les jeunes s’engagent dans le terrorisme. Car selon lui, l’administration américaine est convaincue que la pauvreté pousse certains jeunes à intégrer les groupes terroristes.


Avant l’exposé de Nicholas Kravel, le Directeur du Cesti, Ibrahima Sarr et Kristine Marsh, Attaché de presse à l’ambassade des Etats Unis, ont magnifié le partenariat entre leurs deux institutions. Ibrahima Sarr a rappelé l’appui financier accordé au Cesti par l’ambassade des Etats Unis pour la couverture de l’élection présidentielle de 2012. Après ce rappel, Docteur Mamadou Ndiaye, enseignant-chercheur,  a fait une brève présentation du Cesti en rappelant son statut de première école de journalisme en Afrique selon une étude de l’Unesco faite en 2007.

jeudi 27 février 2014

PLUME CITOYENNE ET PATRIOTE: Dans l'univers d'un monument à double face

PLUME CITOYENNE ET PATRIOTE: Dans l'univers d'un monument à double face: Perché sur l’une des mamelles de Ouakam, le monument de la renaissance africaine se situe à moins de 200 mètres de l’autre mamelle sur laqu...

Dans l'univers d'un monument à double face

Perché sur l’une des mamelles de Ouakam, le monument de la renaissance africaine se situe à moins de 200 mètres de l’autre mamelle sur laquelle trône le phare.  Sa stature imposante que certains habitants de la capitale sénégalaise  l’aperçoivent de loin. L’opportunité de ce colosse inauguré le 3 avril 2010 continue de faire l’objet de controverses. Selon certaines personnes rencontrées, la fréquentation a baissé du fait  de la conjugaison de plusieurs facteurs.


Le monument de la renaissance africaine surplombe les quartiers de Ndiayène et de Cité Toucouleurs du village traditionnel de Ouakam où des maisons en baraque ou en banco font encore partie du décor. La route des mamelles sépare ces deux « mondes » dont le contraste est intrigant.  Sous le pont de cette route, un gendarme en faction assis sur un banc à 2 mètres des barrières de sécurité, manipule un portable. Deux panneaux sont contigus à ces barrières. Sur l’un sont précisées les horaires de visite. Sur l’autre il est écrit « la pratique sportive est formellement interdite dans l’enceinte du monument de la renaissance ». Sur la question de sécurité, le gendarme en faction affirme : « je ne suis pas habilité à en parler ». Il se lève et montre du doigt son supérieur  qui discute avec des photographes au pied du monument. « Lui pourrait peut-être vous donner des informations », poursuit-il. Interrogé, son supérieur nous fait savoir qu’il leur est interdit de parler aux journalistes. C’est pourquoi, il a préféré requérir l’anonymat. « Il n’y a eu aucun problème majeur depuis l’inauguration du monument. Les visiteurs viennent et repartent en sécurité ». Ousseynou Bissichi, chef des opérations du monument confirme : « la gendarmerie assure la sécurité des alentours, les sapeurs pompiers s’occupent de la sûreté à l’intérieur même du monument ».

« Du point de vue touristique c’est formidable, mais… »

Au pied du monument, des bambins déchaînés et enthousiastes se laissent glisser sur les rebords des marches. Un flux incessant de visiteurs montent et descendent des marches. Parmi ceux-ci, un couple franco-sénégalais. Cingili Guèye, française de taille moyenne contemple admirativement le monument avant de laisser échapper ces mots : « c’est très joli. On sent l’amour. Le papa porte son enfant à côté de sa femme. Ils regardent vers l’avenir ». Cette française affirme qu’il y a un contraste entre cette partie de Dakar et la pauvreté qui sévit dans le reste du Sénégal. Elle ajoute que les touristes qui  ne visiteront que le monument diront que le Sénégal n’est  pas un pays pauvre. « Du point de vue touristique c’est formidable, mais j’estime que l’argent de ce monument aurait mieux servi ailleurs », a-t-elle regretté. Son époux de taille moyenne et de teint noir, lui coupe la parole et corrobore ses propos. Cheikh Bamba  Guèye vêtu d’un costume noir, écharpe bleu-marine nouée autour du cou, estime: « les 18 milliards consacrés à la construction de ce monument auraient pu servir à la création d’emplois pour les jeunes. Cet argent aurait  aussi pu être injecté dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Dans les hôpitaux, si tu n’as de moyens, on ne te prend pas. C’est la pauvreté partout. Le monument est beau, les étrangers viennent visiter, mais pour moi, la priorité était ailleurs ».

Baisse de la fréquentation

Au même moment, des photographes qui rappellent les paparazzis, guettent l’arrivée des visiteurs. Abdoulaye Ba, 29 ans, vêtu d’un jogging de couleur grise, appareil photo en main, fréquente le monument depuis son inauguration. Il confie : « au début, notre travail marchait très bien. Actuellement, ça ne marche plus, car la majeure partie des visiteurs viennent avec leurs appareils numériques ou leurs téléphones portables. Presque tous les touristes étrangers disposent d’appareils numériques. En plus, les administrateurs ont divisé les photographes en deux groupes.  Aujourd’hui  c’est notre groupe qui vient travailler, demain ce sera le tour de l’autre groupe. Cette décision a compliqué davantage notre situation. Les visiteurs se font de plus en plus rares ». «  Si tu vois qu’il ya beaucoup de monde aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des élèves (il fait allusion aux étudiants de l’université du Sahel) qui  sont venus visiter le monument. Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu autant de visiteurs ». El hadj Sarr, les yeux rouges derrière ses grosses lunettes, confirme les propos de son collègue. « Du temps du régime de Wade, il y avait beaucoup de chefs d’Etats qui venaient visiter le monument. Ce n’est plus le cas. Il s’y ajoute que cette route qui passe devant le monument est maintenant fermée aux voitures. Ce qui fait que la fréquentation a considérablement baissé ». Une affirmation que réfute le Chef des opérations du monument. Pour Ousseynou Bissichi « considérablement baissé » c’est trop dire. Selon lui, le nombre de visiteurs varie selon les périodes. «  De juin à juillet et de novembre à janvier, nous recevons beaucoup de visiteurs nationaux et étrangers. En dehors de ces périodes, le flux baisse », a-t-il révélé. Il ajoute que la baisse du flux touristique noté au niveau national n’a pas épargné le monument ».

Ambiance carnavalesque

Des batteurs de tam-tam assistés de deux danseurs sont installés sur la terrasse située à droite des marches du monument. Le rythme mélodieux et les pas mesurés et coordonnés des danseurs immobilisent certains visiteurs. Khadija Sow, tout en sueur après une danse énergique, précise : « nous ne sommes pas des animateurs du monument. Les autorités du monument nous ont donné l’autorisation de faire nos répétions ici. Elles y gagnent aussi car nous sommes là tous les après-midi. Nous faisons de la danse afro comptemporaine et  vous voyez (elle montre du doigt des spectateurs) que les visiteurs aiment ».
De l’autre côté, le théâtre  des verdures accueille, ce samedi, les étudiants de l’université du Sahel dans le cadre d’une sortie pédagogique. Aliou Boiro âgé de 22ans, étudiant dans cette université affiche sa satisfaction de leur visite. « Je passe toujours à côté du monument en voiture. Mais  c’est aujourd’hui que j’ai eu la chance d’entrer dans le monument. Je suis vraiment impressionner par ce que j’ai vu ». Les mains dans les poches de son pantalon bleu-marine, air décontracté dans sa chemise bleu-claire et sa cravate rouge bordeaux flottant sous l’effet du vent qui devenait de plus en plus « agressif », il fixe, admiratif, le monument et lâche : « pour moi ce monument n’est pas du gâchis comme le pensent certains, il est tout simplement une merveille ».
Le déhanchement des étudiants de l’université du Sahel au rythme de coupé-décalé mêlé au son des tam-tam, donne au monument une ambiance carnavalesque.

Durée de vie : 1200 ans

Le monument de la renaissance africaine s’étend sur une surface bâtie de 1154 m 2 sur une superficie totale de 1927 m2. Il pèse 7000 tonnes (la dame 70 tonnes, l’homme 100 tonnes, l’enfant 20 tonnes et le socle en béton armé qui tient la statue en cuivre 6810 tonnes). Sa hauteur est de 52 mètres (de la cheville de la dame jusqu’au doigt de l’enfant). Sa durée de vie est estimée à 12 siècles, soit 1200 ans. La statue abrite en son sein des salles de spectacles et d’exposition, d’une salle VIP dédiée aux personnalités mais ouverte à tous les visiteurs. Le ticket individuel est fixé à 3000 F CFA pour les africains et à 6500 F CFA pour les non africains. Les recettes annuelles sont estimées entre 36.000.000 F CFA et 48.000.000 F CFA. La statue est composée de 15 niveaux. Le dernier se confond avec le bonnet de l’homme. Un belvédère qui offre une vue panoramique sur Dakar.

A 19 heures, de l’esplanade du monument, on aperçoit le soleil afficher ses derniers signes de vie avant de sombrer dans les eaux de l’océan atlantique. La brise « agressive » qui vient de la mer située à quelques mètres de là, contraint les visiteurs à vider les lieux ». Le jeune gendarme en faction lui, semble y être habitué. Il continue de veiller au grain en manipulant toujours son portable.

mercredi 26 février 2014

"La négation de la tradition est à l'origine du conflit en Casamance"


« Ce n’est pas la tradition, mais la négation de cette tradition par l’Etat du Sénégal qui est à l’origine du conflit casamançais. Ainsi,  la seule lecture culturaliste ne suffit pas pour expliquer l’origine de la crise en Casamance. En plus de celle-ci, une lecture politique est nécessaire ». Ces explications sont de Jean Claude Marus, Chercheur associé au CNRS. Il tenait une conférence, ce mercredi, au Cesti dans le cadre du carrefour d’actualité. Ce chercheur s’est aussi interrogé sur le rapport entre le conflit foncier et le conflit armé en Casamance. Dans sa réponse, jean Claude Marus  a soutenu que la confiscation des terres des populations casamançaises par l’Etat du Sénégal a attisé les tensions. Le conférencier précise que cette confiscation est consécutive à l’application brutale et sans concertation de la loi sur le domaine national. Jean Claude Marus ajoute que les populations autochtones ont vu leurs occupées par des étrangers. Selon lui, la crise des années 70 qui a frappé le Sénégal a été à l’origine de la pression exercée sur le foncier en Casamance. En effet, cette crise a occasionné le retour de beaucoup de casamançais dans leur terroir. Des populations venues du nord à la recherche du bien être envahissent  la base Casamance. Ici, la pêche, le tourisme et le commerce donnaient beaucoup de devises à l’Etat du Sénégal.

 La liberté d’expression a été mise en mal par l’Etat du Sénégal. Ainsi, le mouvement social et populaire contestataire est muselé par mes autorités sénégalaises. Jean Claude Marus a aussi souligné l’absence d’une société civile solide capable de porter le combat. Il précise que ce contexte a été marqué  par le discours nationaliste de Abbé Diamacoune Senghor. Un discours qui a été récupéré par Mamadou Krumah Sané, installé en France, qui en devient le porte drapeau. Le chercheur au CNRS n’a pas manqué de rappeler deux événements marquants qui ont précipité la radicalisation du mouvement indépendantiste. Il s’agit de la marche pour l’indépendance de la Casamance du 26 décembre 1982. Cette marche non autorisée, mais pacifique, a fait l’objet de répression et d’arrestation de leaders du mouvement jusque dans les milieux casamançais à Dakar. La mort d’ Idrissa Sagna consécutive à une bavure policière lors d’une manifestation d’élèves en février 1981.


Le conférencier estime à 100 le nombre de villages abandonnés, soit 60.000 personnes déplacées. Jean Claude Marus met en garde tous les acteurs concernés par la résolution de la crise casamançaise sur les risques liés au retour noté de ses populations déplacées.

vendredi 14 février 2014

Amady Aly Dieng, professeur d’économie, « Cheikh Anta est difficile à lire »



Le Cesti a fêté, mercredi, dans ses locaux, la disparition de Cheikh Anta Diop. Cette manifestation rentre dans le cadre de son programme de pédagogie active qui vise le renforcement de la culture générale de ses pensionnaires. En marge de cette conférence, Amady Ali Dieng, professeur d’économie, nous a livré ses sentiments sur la célébration du décès de Cheikh Anta Diop, sur leur contradiction relative à l’unité culturelle de l’Afrique, sur le désintéressement des jeunes par rapport à la lecture.


Monsieur Amady Aly Dieng, je vous rencontre pour  une énième fois dans des lieux de débats et de discussions. A chaque fois, je vous vois avec un sachet contenant un livre. Quels rapports entretenez-vous avec le livre ?

Le livre est l’arme des occidentaux pour nous dominer. C’est nous qui passons notre temps à valoriser l’oralité qui ne laisse absolument rien. Amadou Hampathé Ba dit qu’un vieillard qui meurt en Afrique, c’est une bibliothèque qui brûle, mais tous les vieillards ne sont pas des savants. Le vieillard n’a pas écrit, il a laissé la parole. Il faut que nous acceptions de voir la faiblesse de nos sociétés pour pouvoir avancer. C’est de cette manière seulement qu’on pourrait se perfectionner. Quand on est parfait, on n’a plus rien à faire.

« Où est la bibliothèque de Cheikh Anta ? »

Je conseille aux jeunes de lire, de faire la tradition de bibliothèque. Les gens quand ils meurent, c’est fini. Où est la bibliothèque de Cheikh Anta ? A qui il l’a léguée ? C’est pourquoi  je me suis permis de donner une partie de ma bibliothèque à l’Université de Dakar. Ça va se dégénérer purement et simplement. Dans les lycées, il faut promouvoir la lecture. Même s’il faut reconnaître qu’à l’heure actuelle qu’elle est très difficile à mener parce que il y a l’audiovisuel.

Que pouvez- vous nous dire sur la thèse de Cheikh Anta Diop  relative à l’unité culturelle de l’Afrique ?

Sur cette question, nous avons discuté, lui (Cheikh Anta Diop) et moi. J’ai même fait le compte rendu de son livre sur les fondements culturels dont le titre a d’ailleurs complètement changé entre deux éditions. Les gens n’y font même pas attention. Il y a des passages même qui sont biffés. Pourquoi ça été biffé ? Il y a une raison bien sûr.

« Pour être fécond, il faut être infidèle au texte »

 Les gens font une lecture littérale, ils sont fidèles au texte. Alors que pour être fécond, il faut être infidèle au texte ; C’est à dire y voir des choses qui n’y sont pas. Des choses qu’on ne peut pas voir ou qu’on ne peut pas entendre. Malheureusement, cela fait partie de notre culture. Aujourd’hui, je n’ai pas voulu discuté des idées. On n’enseigne pas des hommes, on enseigne des idées. L’histoire n’est pas la seule science qui existe. Il ya des tas de questions que je n’ai pas soulevées ici, ce n’est pas le moment. Aujourd’hui, on célèbre, on ne discute pas. Or, la caractéristique de l’Université c’est de discuter des idées, c’est la maison de la critique. Or cette société n’aime pas la critique.

 La célébration de la disparition de Cheikh Anta n’a pas été à la hauteur de la dimension de l’homme eu égard à tout ce qu’il a fait pour le développement de  la science et de la recherche, son combat pour la restauration de la conscience africaine. Selon vous qu’est-ce  qu’il faut faire pour que les jeunes et particulièrement les étudiants le connaissent mieux ?


Il n’y a pas que les étudiants qui ne connaissent pas Cheikh Anta Diop. Il y a des gens de ma génération qui ne le connaissent pas. Je connais un professeur d’université qui est en même temps un homme de culture qui m’a dit qu’il n’a jamais lu Cheikh Anta Diop. Les gens ne lisent pas Cheikh, même si, je l’avoue qu’il est difficile à lire. Il y a souvent beaucoup de catalogues dans ses ouvrages. Il y a des gens, quand je leur dis que Cheikh a dit ça, ils disent non, je leur apporte la page pour leur montrer que je n’ai rien inventé. Les gens ne lisent pas, c’est la mode. Ils aiment les choses faciles. C’est pourquoi ils sont dans l’obscurité.

vendredi 7 février 2014

L’ADIE : un géant dans l’ombre

Perdue dans les dédales du technopôle situé sur l’autoroute, l’Agence de l’informatique de l’Etat n’est pas bien connue de la majorité des sénégalais. Pourtant à l’intérieur de ce site aux allures de parc, se passent de grandes choses qui participent de la bonne gouvernance et de l’efficacité de l’administration sénégalaise. Ainsi, dans le cadre de leur programme de pédagogie active, les élèves de la 43 eme promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) sont allés, mardi, à la découverte de ce géant dans l’ombre.

Arrivé à l’entrée du technopôle, le minibus du Cesti a parcouru 500 mètres à peu prés, avant de s’immobiliser devant un bâtiment peint en blanc avec des rayures bleues. Quelques gendarmes constitués en petits groupes observent un silence qui en dit long. Un des élèves descend et s’introduit dans le bâtiment pour demander si c’est dans ces locaux qu’est logée l’Agence de l’informatique de l’Etat. Nous sommes au bon endroit. Au standard règne une ambiance bon-enfant. Le responsable, sourire au coin nous souhaite la bienvenue. Un monsieur de taille moyenne et de teint un peu claire, s’extirpe d’une cabine où de jeunes  techniciens semblent absorber par l’écran de leurs ordinateurs. D'un geste maîtrisé, il tend une main amicale à Mamadou Ndiaye, notre encadreur, par ailleurs enseignant au Cesti. Il souhaite la bienvenue à ses hôtes du jour avec un haussement de la tête accompagné d’un sourire furtif. A peine installés confortablement dans la salle de réunion, un homme de taille moyenne et de teint claire fait son entrée. En costume bleue marine qui contraste bien avec une cravate de couleur grise sur une chemise blanche, le directeur des études et de l’ingénieure de l’Agence n’a pas mis de temps pour démarrer les travaux.

Le projet GIRAFE

A l’écran, le site de l’ADIE sur lequel on pouvait lire« Pour une e-administration efficace au service du e-citoyen ».  Une bonne entrée en matière pour Mayoro Fall  qui a commencé par rappeler  que l’ADIE est née en 2004 sous les cendres de la Direction de l’informatique. Le Directeur des études et de l’ingénieure, air décontracté, a mis l’accent  sur un projet phare de l’Agence dénommée « Gestion intégrée des  Ressources, Administrations et des Fonctionnaires de l’Etat du Sénégal (GIRAFE). Ce projet  d’un coût global de 421 500 000 de CFA est financé par l’Union européenne. Il fédère des chantiers majeurs tels que la mise en place d’une application de gestion des ressources humaines de la Fonction publique, la mise en place d’un fichier unifié des données des agents de l’Etat, l’élaboration d’une nomenclature unique des données de références de l’Etat. L’Agence de l’informatique de l’Etat a réalisé un pas important dans la consolidation du système de gestion des ressources humaines du Ministère de la fonction publique. Avec l’appui financier du Projet de Renforcement des Capacités en Bonne Gouvernance (PRECABG), elle a pu déployer la première version du système qui  est déjà fonctionnel pour les divisions Enseignants et Fonctionnaires du dit Ministère. Dans le même sillage, l’ADIE a initié, en mai 2012, un devis programme qui a pour objectif la mise en œuvre du dispositif de gestion et de mise à jour du fichier unifié des données des personnels de l’Etat. Ce programme est décliné en trois grandes étapes : l’élaboration d’une nomenclature des données unifiées des personnels, la certification des données par un audit physique biométrique et le lancement du dispositif d’échange et de mise à jour des données. La nomenclature unique des personnels administratifs a été validée le 24 octobre  2012 par les différents acteurs. Elle constitue ainsi une structure de base du futur fichier unifié.  Ce dernier sera, selon Mayoro Diagne, composé de quatre chantiers : chantier statut général,  chantiers militaires, chantier paramilitaires et chantier  judiciaire. «  Le système  va retracer la carrière de chaque agent. A terme, nous mettrons à la disposition de tous les agents une carte professionnelle biométrique. Cette carte va contenir toutes les informatives sur l’agent », a expliqué le Directeur des études et de l’ingénieure.

Dernière phase de l’audit physique biométrique

Après la présentation de Mayoro Diagne, nous avons été reçus par la commission spéciale qui officie sous une tente de couleur verte situé juste derrière le grand bâtiment. Au seuil de l’entrée, une voix grave s’échappe de la tente : « bienvenue ! où est votre encadreur ? C’est vous ? Il pointe le doigt sur Mamadou Lamine Ba, un des élèves. Ce dernier, d’un geste de la tête, répond par la négative.  Mamadou Ndiaye, accompagnateur, fait aussitôt son entrée.  A prés les salutations d’usage, notre hôte, la soixantaine, commence la présentation. « La commission spéciale que je dirige a été mise en place le 30 janvier dernier. Après  la phase contentieuse assurée par la commission nationale de traitement des contentieux, notre commission est chargée de la dernière  étape », a-t-il révélé.  Le président de la commission spéciale, après un bref rappel des différentes étapes de la procédure de l’audit physique et biométrique, nous a invité à suivre le déroulement de l’enrôlement d’une dame venue pour régulariser sa situation. La quarantaine, cet agent de teint claire passe, en quelques minutes, de la vérification des pièces justificatives, à la prise des empreintes en passant par la photographie.

Cette dernière phase va mettre un terme à  l’audit physique biométrique  qui a démarré depuis  le 30 novembre 2012. Les résultats définitifs de cet audit vont constituer le fichier unifié permettant de maîtriser non seulement les personnels de l’administration, mais aussi de réduire considérablement la masse salariale de l’Etat du Sénégal qui ne doit pas excéder 35% de ses recettes fiscales.